Les chambres spacieuses, aérées et ouvrant sur de larges balcons, gagneraient à être débarrassées du bric à brac inutile: table de décharge incrustée d’un vieux poste de radio muet, immenses abats-jour de salon en guise de lampe de chevets, armoire éventrée, stores roulants grippés. Le chauffage central, lointain souvenir du complexe, est suppléé par des radiateurs à résistances électriques bouffeuses d’énergie. Les salles d’eau qui sont certainement, les raisons sociale et économique du thermalisme sont la plaie de l’établissement. Point d’eau courante : ni chaude, ni froide. Le tour d’eau brulante est assuré par deux lâchers quotidiens de quelques heures chacun. Les sanitaires, sans couvercle, ni chasse d’eau, dégagent leurs relents fétides. Le remplissage des jerricans est laissé à la charge de la clientèle. La restauration est certainement, la seule activité qui sauve l’édifice du naufrage. Le petit déjeuner, peut encore être servi dans la chambre si on se donne la peine, de braver l’escalier raide et sombre. Le soir venu, c’est le cloître obligatoire : pas âme qui vive. Le chiche éclairage extérieur n’incite pas à la flânerie pédestre. Les clameurs du week end se sont tues avec le départ des visiteurs occasionnels. Qu’en est-il, en matière de loisirs, pour les curistes au long cours qui y séjournent pendant trois longues semaines ?
Si jadis, le complexe était dans la quiétude, il ne l’est plus maintenant. Les retombées des émeutes de janvier 2011 et qui ont généré la déliquescence du marché, ont vite investi ce supposé lieu de villégiature. Cerné de toutes parts, ses abords deviennent pratiquement inaccessibles pour l’automobiliste. Les gargotes, à l’hygiène douteuse, ont fleuri autour de cet établissement de cure. Peut-on, honnêtement, s’enorgueillir de posséder des joyaux architecturaux dans un environnement bidonvillisé par les barons de l’informel ?
12 janvier 2012
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