A propos de profils personnels, Boumediene – de son vivant – et Abdelaziz Bouteflika étaient-ils en phase ?
Depuis l’été 1974, ce fameux été de toutes les rumeurs, un processus de distanciation s’était mis en branle entre Boumediene et trois de ses plus proches collaborateurs, Ahmed Medeghri, Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Draia. Auparavant, Kaïd Ahmed rentré en disgrâce s’était exilé. Avant lui, Cherif Belkacem avait été limogé. Cet effritement d’un groupe réputé soudé est le résultat de susceptibilités subjectives mais aussi de divergences d’opinions. Dans le cas de Abdelaziz Bouteflika qui jouissait, jusque-là, de la protection absolue de Boumediene, les divergences ont porté sur trois questions principales. Premièrement, les rapports avec la France, à travers la nationalisation des hydrocarbures, projet ou seuls Belaïd Abdesselam, Sid Ahmed Ghozali et Boumediene lui-même étaient dans la confidence bien que M. Bouteflika, ministre des Affaires étrangères, présidât la grande commission de négociations algéro-française. Deuxièmement, le conflit du Sahara occidental, dossier que Boumediene avait confié à son ministre conseiller, le docteur Ahmed Taleb Ibrahimi et au colonel Kasdi Merbah, directeur de la Sécurité militaire, le ministre des Affaires étrangères étant, de ce fait, tenu à l’écart. Troisièmement, lors de l’élaboration du projet de Constitution en 1976, Abdelaziz Bouteflika, plaidant pour sa cause, avait tenté, en vain, de convaincre Boumediene, par personne interposée, pour introduire un poste de vice-président lequel serait élu, au suffrage universel, en même temps que le chef de l’Etat.
Mohamed Chafik Mesbah. Ancien officier supérieur de l’ANP et politologue*
«Le souvenir de Boumediène renvoie, malgré les privation endurées, à une forme de grandeur nationale»
le 23.12.11 | El watan
26 décembre 2011
Histoire