Il était attendu du retour aux affaires d’Abdelaziz Bouteflika une restauration de la splendeur «des temps passés», celle de l’ère Boumediene, précisément. Comment expliquer qu’il n’en fut rien ?
Quelle splendeur voulez-vous évoquer ? Sans doute le prestige international porté par la stabilité politique et impulsé par la prospérité économique et le progrès social ? Deux raisons peuvent expliquer cet espoir déçu. D’une part, l’habileté manœuvrière de Abdelaziz Bouteflika. Qui pourrait contester le «bagout» de Abdelaziz Bouteflika qui a pu, facilement, séduire les chefs militaires qui l’avaient coopté, de préférence à tout autre candidat, car ils étaient à la recherche d’un personnage historique jouissant de notoriété internationale, capable de briser l’isolement du régime et acceptant de ne pas remettre en cause les options cardinales déjà fixées. Seulement, autant Abdelaziz Bouteflika peut exceller dans la forme – y compris au plan de la démarche tactique – autant il est, tragiquement, démuni en capacité d’anticipation et d’innovation stratégiques. Il a pu disposer, pourtant, de tout ce que pouvait espérer un chef d’Etat soucieux de laisser une marque positive sur l’histoire du pays. Des ressources naturelles et humaines à profusion, un contexte national et international propice pour des réformes d’envergure et, enfin, un pouvoir absolu sur tous les leviers de pouvoir. Tout cela dilapidé en pure perte. Faut-il lancer la pierre aux seuls chefs militaires qui ont coopté Abdelaziz Bouteflika ? L’opinion publique nationale aussi a été prise en défaut. Retenons, alors, la leçon. Rien ne sert d’imposer aux peuples le bonheur malgré eux. Il suffit de les laisser exprimer, librement, leur choix.
Mohamed Chafik Mesbah. Ancien officier supérieur de l’ANP et politologue*
«Le souvenir de Boumediène renvoie, malgré les privation endurées, à une forme de grandeur nationale»
le 23.12.11 | El watan
26 décembre 2011
Histoire