La réponse peut-être envisagée sous deux angles différents. Le premier se rapporte à la personne même de Boumediene et le second au régime que Boumediene a symbolisé dans sa globalité. Au plan personnel, le souvenir de Boumediene n’a pas pu être effacé de la mémoire populaire et les plus démunis des Algériens continuent de cultiver le souvenir de celui qu’ils appellent, affectueusement «Moustache». Son souvenir, malgré les privations endurées, renvoie à une forme de grandeur nationale faite de progrès économique, de justice sociale, de dignité humaine et de rayonnement international. Au plan plus général, il est clair que l’époque Boumediene renvoie au régime du parti unique et de l’économie planifiée étatique, disqualifiés par l’évolution de l’histoire universelle. Ce n’était pas nécessaire que les chefs d’Etat qui lui ont succédé redoublent d’énergie à vouloir «déboumediéniser» comme vous le dites. Boumediene en tant qu’homme est resté impérissable. Le système autoritariste qu’il a incarné était voué à s’effacer, naturellement. Il aurait été plus raisonnable de ne pas s’engouffrer dans une démarche de négation nihiliste de son héritage.
Mohamed Chafik Mesbah. Ancien officier supérieur de l’ANP et politologue*
«Le souvenir de Boumediène renvoie, malgré les privation endurées, à une forme de grandeur nationale»
le 23.12.11 | El watan
26 décembre 2011
Histoire