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…PORTRAIT… Houari Boumediène B. Par : Hamid GRINE

19 décembre 2011

Contributions

Dimanche, 18 Décembre 2011


Il y a des rencontres roboratives qui sauvent une journée d’hiver. On a froid, on est fatigué par le voyage, irrité par les détritus qui longent la belle banlieue constantinoise, et puis voilà qu’on lave tout ça à grande eau grâce à une apparition. Ne brûlons pas les étapes. Commençons par le commencement, phrase fétiche d’un ex-prof fétichiste. Voilà, j’étais à Constantine à la librairie Média-Plus de l’inénarrable Yacine Hanachi. Puis survint un  jeune homme à l’air timide et un peu emprunté, comme le sont d’ailleurs souvent les fils de bonne famille. Quand ils sont en face d’un inconnu plus ou moins connu, ils ne savent plus sur quel pied danser. Alors ils dodelinent de la tête et des épaules dans un mouvement de balancier. Je le voyais me sourire de loin. Quand vint son tour pour la dédicace, je l’invitais à s’assoir alors que ses deux copains étaient restés timidement au seuil, derrière le comptoir, où je signais mes livres. Il m’apprit qu’il était en train de travailler sur Il ne fera pas long feu pour son mémoire de master en littérature. Et qu’il avait donc quelques questions à me poser. La première étant la différence entre Il ne fera pas long feu et Il fera long feu. Je lui donnais mon point de vue. Il m’avoua qu’il aimait beaucoup la presse qu’il trouvait très libre. N’ayant pas le profil d’un rabat-joie, je le laissais à ses illusions avec cette nuance que je ne pus réfréner : “Libre par rapport à qui et à quoi ?” L’un lança : “Elle est quand même l’une des plus libres du monde arabe, non ?” Je lui fis cette concession. Pour moi le monde arabe n’étant pas une référence, il est même l’anti-référence avec ses monarchies et ses dictatures. Il y a le Printemps arabe ? Oui, mais dans ce printemps il y a parfois des bourrasques et des pluies. Mais c’est un printemps quand même alors qu’en Algérie nous sommes encore en automne, on est bien d’accord. On en vint, le jeune étudiant et moi, au moment de la signature des trois romans qu’il avait achetés. Il me souffla son prénom : Houari Boumediène. Toute la salle tendit l’oreille. Hé quoi, réincarnation de l’ex ou plaisantin ? Il me devait bien des explications. Et à la salle qui était en haleine. La seule personne qui ne se rendait pas compte de cette stupeur, c’était lui. Il m’informa alors que c’était son papa qui avait comme idole l’ex-président qui lui donna son nom. Et il se tut. Je dus lui arracher les mots, oui, et je m’en excuse, je l’ai torturé. Il passa aux aveux. Oui, c’est un nom difficile à porter et à supporter, oui, il fallait être digne de lui, oui c’est un nom qui pourrait attirer les quolibets ou l’étonnement… Un des journalistes me désigna amicalement du doigt arguant que j’avais fait un portrait à charge de Houari Boumediène. Devant le regard étonné-manière de dire comment a-t-il osé ? – de l’autre Houari Boumediène, je dus m’expliquer. Non, mon portrait n’était pas négatif, juste du dépit d’un jeune déçu. Après lui avoir signé ses livres, on se quitta bons amis Houari Boumediène et moi. C’était la première fois que je voyais un Houari Boumediène en chair et en os. J’ai entendu parler d’un Maâmar Kadhafi et même d’un Amine Dada, je n’aimerais pas être à leur place. Ni peut-être eux à la mienne. Un écrivain pour des autocrates, c’est de la poussière… Pour autant, je n’en ai pas fini avec mon Houari Boumediène, au demeurant fort sympathique. Deux jours plus tard, je reçus par émail deux pages scannées. C’était les pages de garde de mes deux romans. Houari Boumediène me priait fort aimablement de lui traduire mes dédicaces. Il n’avait rien compris à mes hiéroglyphes. Je me suis relu. C’est vrai que c’était une écriture de chat qui avait perdu sa chatte. Comment expliquer ces lignes indéchiffrables ? J’ai réfléchi et je suis arrivé à la conclusion que ma main a tremblé au moment des signatures des romans. On n’a pas toujours l’honneur de dédicacer des livres à Houari Boumediène, eut-il 23 ans… La jeunesse est aussi imposante que la gloire. 
H. G.
hagrine@gmail.com

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À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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