Jeudi, 10 Novembre 2011
Dans ce livre édité par l’Enag, l’ancien ministre de la Culture fait un étalage de la vie et des pratiques du dictateur libyen, de ses débuts jusqu’à sa liquidation par des jeunes de la révolte libyenne, le 20 octobre dernier.
Voilà un livre surprise, surprise par son contenu, par son écrivain et par le “timing” de son édition. Il s’agit du dernier-né de l’ancien conseiller du président Houari Boumediene et du premier livre au monde arabe et islamique sur le colonel Mouammar El-Gueddafi.
Le choix par l’auteur de la photo de sa couverture est révélateur du contenu du livre et des sentiments de l’auteur. Il montre le roi des rois africains, l’imam des croyants musulmans et le doyen des chefs d’état arabes assis, tête baissée devant le président algérien.
En choisissant le titre de son livre, Amimour, maître des nuances, a tenu à consacrer une vieille formule. Dans la mémoire collective universelle, il y a un seul général, Charles de Gaulle, un seul caporal, Adolf Hitler et un seul maréchal, Philippe Pétain.
Le titre de colonel s’est vu le monopole de Mouammar El-Kadhafi depuis septembre 1969. Dans ce livre édité par l’Enag, l’ancien ministre de la Culture fait un étalage de la vie et des pratiques du dictateur libyen, de ses débuts jusqu’à sa liquidation par des jeunes de la révolte libyenne, le 20 octobre dernier. Avec plus de six cents pages, une centaine de renvois ainsi que des dizaines de photos inédites, ce livre est une première.
Cette fois, Alger a devancé Le Caire et Beyrouth en éditant un livre sur une actualité brûlante qui marquera, sans doute, l’histoire du monde arabe, voire du monde entier. L’ancien président de la commission des affaires étrangères au Sénat précise, avec une modestie qui reste à prouver, qu’il s’agit simplement d’un témoignage de ses souvenirs personnels avec le leader libyen. Mais le lecteur trouvera que ce témoignage, d’apparence subjectif, est en effet une étude sérieuse, soutenue par un arsenal d’informations “renversant”.
Entre autres, on trouvera l’affaire du Tchad, celle de Lockerbie ou encore celle du bombardement du palais de S’khirat, et l’assassinat de la majorité des membres du Conseil de la révolution libyen. Amimour raconte qu’en juillet 1971, des insurgés marocains avaient tenté un coup d’état contre le roi Hassan II.
Dès lors, “le colonel” a demandé au président Boumediene d’autoriser l’aviation libyenne à survoler le territoire algérien afin de bombarder le palais royal.
Le commentaire amusé de Boumediene ne s’est pas fait attendre. Il confie à son conseiller à l’information : “Ce monsieur n’a même pas une carte touristique indiquant où se trouve le palais S’khirat, il ne connaît même pas la différence entre le sang et l’encre rouge.” Boumediene ajoute : “La stabilité de la région est un souci majeur pour l’Algérie, et la stabilité du Maroc est une garantie pour la stabilité de la région.” Ce livre comporte des révélations qui ont fait, cette semaine, la une du quotidien marocain El-Ayam, qui a consacré six pages entières au livre.
A. Mohamed
19 décembre 2011
Histoire