Que reste-t-il ? Le Harrag : déjà lauréat du prix l’année passée. L’émeutier ? Déjà sélection l’année d’avant. Le mot «Dégage» ? Oui, mais ce n’est qu’un mot quand il n’est pas crié.
Il y a aussi la figure du candidat à l’ANSEJ. Là, ça a été presque. Le demandeur ANSEJ est en effet presque l’homme de l’année : il a été là depuis janvier et jusqu’à hier. Il incarne le jeune qui ne sait pas quoi faire de sa jeunesse, le sang inutile qui tourne, la conséquence indésirable de l’Indépendance. Il est aussi l’incarnation de l’infanticide, la preuve qu’il y a eu échec et le modèle offert aux générations futures : ne rien faire puis faire n’importe quoi avec n’importe quel argent. Il est l’argent gratuit des économies de rente, le corrompu inconscient du régime, le mouton de la farce, la force vive transformée en alimentation générale. Il est tout ce qui a été trouvé comme solution à quelques mois du cinquantenaire de l’indépendance. Reste que le demandeur ANSEJ est un produit contrefait : on le voit partout mais ce n’est qu’un personnage secondaire de la vie nationale.
Qui est donc l’homme de l’année s’il n’est pas un ministre, un Premier ministre, un patron d’entreprise, un journal, un barbu, une voilée qui a atteint le pôle Sud, un opposant devenu président, un parlementaire qui a un pantalon. Qui est-il donc ?
Le choix est arbitraire et subjectif mais le chroniqueur le revendique : l’homme de l’année, pour le chroniqueur, est le brigadier anti-émeute. Sans être larbin pro-police, pro-régime, il s’agit de dire que c’est le seul métier politique bien fait en Algérie depuis janvier 2011 et même avant. Le seul salaire politique qui se justifie et dont l’augmentation a un sens, bon ou mauvais. A un journal, un brigadier anti-émeutier a précisé que les brigades ont opéré 2777 opérations ces cinq derniers mois. Le titre de l’article de notre consoeur d’El Watan était clair : une intervention toutes les deux heures depuis janvier.
Vu à partir d’une position neutre, on aura compris que l’anti-émeutier fait tout en Algérie : il a fait le travail que ne fait pas le Président, le travail que ne font pas les ministres, il bosse à la place des élus qui sont faux, des médiateurs, des APC, des élites et des partis et des Think tank. En Algérie, l’Etat peut être dessiné par un enfant de deux ans : c’est une matraque et des mots avec un drapeau. Le seul acte concret c’est la matraque qui s’abat. Le reste c’est les chiffres de la Relance. A part le pipeline, la matraque de l’anti-émeutier est le seul mouvement que l’on peut voir du ciel, le seul effort musculaire vérifiable, le seul salaire, en politique, qui provoque de la sueur. L’anti-émeutier, brigadier, est donc l’homme de l’année : il a bien travaillé cette année et a bien prouvé que l’Etat n’existe pas. Il a travaillé mieux que tous. Mieux que quiconque. Il est partout où l’Etat qui n’existe pas aurait dû être : lors des crises de logements, demandes de démocratie, matchs de foot, emplois, immolations, routes coupées, inaugurations, etc. Saluons donc. Question : pourquoi l’anti-émeutier et pas l’émeutier ? Parce que l’émeutier manque de constance et ne fait pas de politique alors que le Brigadier des URS fait la politique, toute la politique, la seule qui se pratique en réalité.
17 décembre 2011
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