- Nous, nous sommes des oualou, nous autres qui travaillons à la sueur de notre front. Nous sommes des anonymes qui n’appartiennent à aucune tour, et qui n’attendent surtout pas notre tour dans cette queue nationale. Sauf que nous pensons que participer à la vie politique avec les moyens que l’on possède est un droit citoyen. Nous sommes les gouala. Critiquer les personnalités qui se proposent à la sphère publique est plus qu’un droit, c’est un devoir. Zid beziada, ce n’est pas parce qu’on montre du doigt leurs maladresses qu’on les hait. Et pour participer, à notre manière, à la vie politique de notre pays, on ne va pas attendre le feu vert des non-anonymes ni la baguette d’un chef d’orchestre pour un chant à l’unisson. Nous autres anonymes Algériens n’attendrons pas «les placeuses » politiques pour placer nos opinions. Placeuses qui nous promettent, à chaque échéance politique, blaça, sûrement des strapontins dans un théâtre macabre.
- Rakoum ghaltine bezzaf. Le pays n’est plus ce qu’il était.
On est conscient de l’existence, parmi les anonymes, de gens qui pêchent dans les eaux troubles, qui sèment la zizanie, qui diffament et qui font un travail de sape systématique. Les perturbateurs, les khallata, fi koul corporation, ont toujours existé et existeront toujours.
Amala que faut-il choisir? Bâillonner les «non-moulés» au risque de rendre un service inestimable à la médiocrité ambiante ou bien les laisser dire en acceptant de recevoir, de temps en temps, quelques coups, d’ailleurs inévitables, dans l’arène politique? Yal khaoua, il n’y a pas de démocratie sans une presse libre, diversifiée, fiable. Pas d’identité non plus dans un État si nul ne renseigne les citoyens. Pas de société lucide et solidaire sans une vie intellectuelle et culturelle déployée à divers paliers. Sur chacun de ces fronts, depuis dix-sept ans, nichés dans ce coin, tranche de vie, on tente de rappeler que nul n’a le monopole du patriotisme.
17 décembre 2011
Contributions