Si l’air n’existait pas, il l’aurait sûrement promis sous cellophane, contre des voix votantes, sonnantes et trébuchantes, à des militants professionnels, en chômage après chaque élection. Car c’est un politicien né pour promettre. Illuminé, enfant, déjà on lui disait qu’il avait de l’avenir, à la fleur de l’âge, il s’est retrouvé avec beaucoup de passé. Enfanté par des meetings, le mauvais score d’urne le met à la retraite. Récidiviste, il sait se cacher dans les coulisses. En attendant de loger dans une affiche, il respire à pleins poumons l’air vicié des compromissions. Rien dans la tête, il adore être en tête de liste.
Comme un monstre, il a sept vies, sept têtes, sept partis, sept sigles, cette force de survivre à tous les changements. Il a survécu à la guerre de libération (il fera écrire un jour ses mémoires de «guère»), à la nationalisation, la révolution agraire, la décennie noire, au terrorisme, au rééchelonnement. En somme, il est presque éternel à force de planer sur les remous de l’histoire. Il est présent à force de gesticuler sous les projecteurs de circonstance. Il est sourd à force d’être hué. C’est le surdoué des tables rondes, des «Yaanii… heeu… ine kana yadoullou… fima yakhoussou…», des poignées de mains, et des inaugurations. Ainsi notre surdoué est arrivé au sommet d’une gloire éphémère, pour retomber dans l’anonymat. Il est mourant. Lui qui avait horreur des hommes de sciences, qu’il traitait de «coministe», il sait aujourd’hui qu’il n’y a aucune différence entre la science et un parachute. Lorsqu’on saute d’un avion sans parachute, on s’écrase, et lorsqu’on saute les étapes sans science, on s’écrase.
L’élèvement par El-Guellil
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23 novembre 2011
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