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LETTRE DE PROVINCE Le général traqué et l’indifférence d’en haut Par Boubakeur Hamidechi

19 novembre 2011

Non classé

hamidechiboubakeur@yahoo.fr
Paisible retraité dans son pays, où il ne se préoccupe de rien d’autre que de sa santé, ce général demeure toutefois traqué hors des frontières de l’Algérie. L’acharnement dont il fait l’objet ne semble pourtant pas émouvoir le pouvoir d’Etat qui, officiellement, n’a pas exprimé le moindre regret au moment de son interpellation par la justice suisse. De surcroît, il s’est abstenu de lui fournir une assistance judiciaire solennelle comme ce fut le cas pour un certain diplomate. Une telle indifférence à l’égard d’un ex-chef d’état-major de l’armée, parce qu’elle est inexplicable et inexpliquée clairement, n’ouvre-t-elle pas la voie à de graves supputations ?
Parmi celles-ci, peut-on encore citer les secrètes connivences du passé avec les procédures des tribunaux étrangers ? Au moment de la concorde, par laquelle l’actuel régime inaugurait son premier mandat, n’a-ton pas assisté à de semblables opérations orchestrées de l’extérieur et destinées à diaboliser les forces armées locales à partir d’un questionnement simple, lapidaire et parfaitement compromettant pour une institution sommée de justifier son rôle ? En effet le «qui-tue-qui ?» n’a jamais été une interrogation objective mais un acte d’accusation qui a fini par la mettre sur la défensive. Dix années après, la même pièce se rejoue dans les tribunaux d’Europe avec toujours dans le rôle principal l’officier Nezzar qui doit répondre au nom de toute une institution, comme il vient de le souligner avec justesse, dans les colonnes du Soir d’Algérie (interview parue le 16 novembre). Il est vrai qu’en ce qui le concerne, ce général-major est un soldat atypique. «Primus inter pares», ce premier parmi ses pairs n’a jamais aimé le mutisme qui est pourtant la marque et la tradition de la caserne. Tout à fait à son aise sur la place publique, il s’était souvent livré à l’exercice de la critique jusqu’à devenir une sorte de bête noire des dirigeants politiques. Ainsi, en plus de ses états de service durant la période 1988-1996, Khaled Nezzar possédait une indéniable compétence en matière de subtilités politiciennes que parfois il ne gardait par devers soi. Cela lui a valu, d’ailleurs, un surcroît de visibilité dont allaient profiter toutes les voix accusatrices. En 2011, lors de la parution du brûlot de Souaïdia, on le vit en première ligne pour en dénoncer le contenu infamant dont les descriptions rappelaient celles que venaient d’avouer Aussaresses. Il n’en fallait pas plus pour que la littérature journalistique en fasse et l’amalgame et de terribles parallèles. La formule était jetée en pâture et l’on ne parle plus que de «Nezzar- Aussaresses» lorsqu’on le désignait. Or, sans cultiver outrancièrement de l’hostilité, ou bien son contraire, de la sympathie pour le général algérien, la comparaison était non seulement injustifiée mais, de plus, ignoble. Car elle faisait allègrement abstraction de la nature des combats (besognes, au sens sales, dirons-nous) que chacun a eu à mener à des périodes différentes et avec des idéaux diamétralement opposés. Il fallait du reste souligner que ces protagonistes dont on voulait rapprocher les «similitudes» n’avaient pu agir, voire assumer des responsabilités qu’à partir de solides convictions totalement à l’opposé l’une de l’autre. Aussaresses n’a été rien d’autre qu’un odieux fasciste qui assassina Ben M’hidi et Boumendjel quand Nezzar y était désigné pour défendre l’idée de la République et qu’il était du bon côté des barricades de la liberté. Sur ce sujet, l’assimilation abusive, et à dessein politique, qui se poursuit à travers des interpellations d’un général ne tient désormais la route que par le recours aux credo moraux universels contre lesquels plus personne ne s’oppose. La torture, sujet éminemment troublant en ce siècle des droits de l’homme, n’était-elle pas devenue le levier idéal de la désinformation et de la manipulation ? C’est ainsi que l’Algérie de la décennie 90 était décrite sous les traits d’un immense camp de concentration dont l’armée en aurait fait une enclave de non-droit. Imprudemment, la question des sévices qui s’y pratiquaient devint, sous des plumes imaginatives, des Treblinka et des Dachau tropicaux. Et pour faire bonne mesure avec le passé colonial, l’on ne manqua pas même de les comparer aux centres de la torture de la ferme Améziane de Constantine et de la villa Suzini d’Alger. Rien n’était aussi inexact que la trame des faits tels qu’ils furent rapportés. Quand bien même il y aurait toujours à redire sur la multiplication, à l’époque, des interrogatoires musclés, l’on ne peut manquer à l’honnêteté intellectuelle sans rappeler que, dans la terrible lutte contre le terrorisme islamiste, la majorité des Algériens avait souscrit à certains recours troublants, certes, mais impératifs pour la survie du pays. Qu’est-ce à dire si ce n’est qu’à cette époque, si l’armée a pu aller jusqu’aux limites de ce qu’il est moralement prescrit, elle n’a pu se contraindre à une telle situation qu’avec l’aval de la majorité de la population. Un général devenu, grâce à l’art du raccourci, le bourreau en titre montre bien que nous n’avons pas affaire à de simples épisodes de plaideurs sincères qui saisissent les tribunaux. Car un feuilleton de cette facture qui dure depuis dix années ne s’écrit pas d’une seule main. Derrière les rideaux, il y aurait quelques «clients» pour que l’imprescriptibilité ne concerne que le bras armée de la République quand l’amnistie de 2004 a déjà absous les assassinats ritualisés commis par les charlatans de Dieu. En dépit de l’odeur de soufre qui accompagne la conspiration, les Ponce Pilate d’en haut gardent le silence alors que l’Algérie vacille à la moindre humiliation.
B. H.

 

 

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/11/19/article.php?sid=126012&cid=8

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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