Heureux qui comme ce petit nuage, traversant le ciel, par un après midi ambiant d’un hiver sentant sa mort prochaine. Dans un voyage destine à être long ou réduit selon les aléas et les circonstances, le petit nuage libérait de temps à autre une douceur fine soutenue par un soleil souriant à l’allure pale et timide. Depuis les cimes blanchies par les restes de la neige, un vent léger caressait la splendeur des vignes et des champs trempes dans la couleur fade et transparente des coquelicots. Des années plus tard, voila une masse grisâtre qui arrive, qui se profile dans les horizons couvrant d un large manteau une existence qui semble avoir perdu de sa sérénité. Une goutte d’eau fuyante, encore une autre, un trait de fraicheur au visage et j’étais alors avisé qu’un orage faisait route vers une profonde expression. Reprenant les sentiers battus, je balançai mes yeux sur un espace entièrement gagné par des sentiments en éveil, conquis par des oiseaux en quête d’inspiration.
Petit nuage des temps nantis, O compagnon des nuages en voyage, te voila aux approches des cimes élevées, baignant dans le chuchotement des arbres enlaces et les murmures des soirs endormis. Petit nuage reprend ton vol dans l’immensité des cieux, accroche-toi aux étoiles dansantes, accompagne par ton souffle le jour et la nuit, retrace dans la voie lactée autant d’arabesques qu’il te plaira de choisir, régénère les forces de la plume pour atténuer les flammes d’un grand feu décidé plus que jamais a renaitre de ses cendres.
Petit nuage le vieux est assez usé pour user de ses ailes, dans sa joie et dans ses illusions il confie son âme à la tienne.
O saga des tempêtes et hurle vent graves dans la mémoire des temps.
O douceurs sculptées dans le bleu des mers et sur les rivages baignant dans le refrain des vagues.
O champs des verdures voues aux grains de tous les espoirs, vous êtes sublimes, vous êtes inexplicables.
Dans le crépuscule aux horizons dores
Dans l’antre des nuits éveillées
Dans la brume et le clair des lunes
Je bâtirai mes mots, je raccorderai la lyre de l’olympe aux notes enchantées du l’uth oriental et jusqu’aux poèmes de l’eternel okad.
Quand la nuit des nuits se met en marche déployant ses ailes obscures et téméraires.
Quand par la voix des loups, les chaines du silence se brisent en amont et en aval
Quand les arbres s accrochent aux vents des plaines
Quand les branches se dressent vers le ciel exprimant la grasse des temps qui passent
Quand les flocons de neige renvoient aux noces printanières.
Quand l’étoile du berger chante le repli vers l’âtre et le gite.
Quand le braséro tient en haleine l’âme flottante du quinquet.
Quand la chaleur et la lumière, la main dans la main accompagnent la nuit des contes vers les rêves aux silhouettes dansantes.
Quand la nature majestueuse étend son voile impérial invitant l’âme poétique à se confondre dans la beauté de ses couleurs
Quand tout se tait
Quand tout se lit d un trait
Quand tout se mêle et se démêle en s’imprégnant de profonde philosophie…
Alors sans battre des ailes, précédant mes pas et mon imagination, je suis déjà au cœur de mon existence.
Le petit nuage aux cheveux bénis par la couronne des âges, la main dans l’âme du vieux grimpait les échelles du temps en fredonnant le chant des ombres et des lueurs.
BELFEDHAL Abderrahmane
19 novembre 2011
BELFEDHAL Abderrahmane