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2..Extrait Sous les cieux d’Allah De Belfedhal Benyaâgoub

11 novembre 2011

1.Extraits, Belfedhal BENYAAGOUB

Arrazin devait avoir six ans, quand il quitta son village de  montagne, d’une trentaine de maisons aux toits de tuiles brunes, pour passer des colonies de vacances pour enfants orphelins, au bord de la mer. Il avait souvent rêvé de cette grande bleue et de ses légendes de monstres marins qui alimentaient son imagination. Il voyait pour la première fois cette mer dont les vagues déferlantes dessinaient de longs rouleaux écumants dans un puissant vrombissement.

Après trois jours de jouissance dans ce décor marin, sa mère, perplexe, était venue le reprendre. « Pardonne-moi, mon fils, je n’ai pas pu supporter ton absence ! Dix jours, c’est beaucoup de souffrance pour moi ! N’eut été l’insistance de ton oncle…» lui dit-elle, en s’essuyant les larmes qui inondaient ses joues.

Sarrazin garda de ce bref séjour, en particulier, le goût salé que laisse l’air marin sur les lèvres. Sur les côtes montagneuses se perchait le village aux vieilles maisons de pierres, serrées autour de la mosquée où une seule vie familiale semblait les animer. C’est dans cette chaude atmosphère de famille élargie que grandit Sarrazin. Ses oncles le traitèrent comme leurs propres enfants. De son père, mort, tombé au champ d’honneur, il n’avait aucun souvenir. Plus tard, sa mère lui parla de ces gens armés, hâves et furtifs, dans de sombres accoutrements, pénétrant, tard la nuit, chez eux : un homme l’embrassant et le soulevant en l’air, à leur sortie… La mère de Sarrazin se plongeait, à leur départ, dans d’interminables prières, ponctuées par des égrènements de chapelet et allait, dehors, fredonner un air de compassion : «  Ayemma  svrou« O mère ! Patience ! » Elle lui raconta les conditions de la mort de son père. A cent kilomètres de leur village, il était accompagné d’un frère d’armes quand une patrouille de l’armée coloniale les surprit. Son père mourut, l’arme au poing, refusant la reddition ; son compagnon fut pris vivant. Les soldats, eux-mêmes, furent stupéfaits de la physionomie de son père ; un teint de brique rose, des cheveux blonds clairs. Ils crurent avoir capturé un mercenaire venu d’un pays européen. Son corps fut attaché sur le capot de la jeep, longtemps  exposé comme un précieux trophée, sur la place d’un village proche du lieu de l’accrochage. Même dans son âge avancé, la mère de Sarrazin était sujette à de fréquents cauchemars. Elle se réveillait, en larmes, en criant « Papa ! Papa ! ». Elle avait dix ans quand elle avait perdu son père, assassiné de sang-froid par des colons dans les émeutes du 8 mai 1945.

Sarrazin surprit, d’innombrables fois, sa mère complètement nue, la nuit, à se tortiller et à se cambrer, seule dans son lit, les yeux mi-clos, à se caresser le corps et à jouir en feu, à voix haute. Cette brutale et rebutante découverte le choqua,  au début, et il finit par s’habituer à ces cris de jouissance, profondément angoissants. Les désenvouteurs consultés conclurent au sempiternel et douloureux constat : « Cet incube est coriace ! Il trouve votre mère très belle et ne la lâchera jamais ! ». Il se souvenait, à ce jour, du retour de sa mère des Lieux Saints de l’Islam. Elle le serra dans ses bras en l’embrassant : « Merci ! Mon fils, tu m’as promis ce voyage, tout enfant que tu étais ! » Un peu plus tard, elle lui avoua, avec un regard de soulagement : «  Ce terrible incube de djinn qui me possédait, depuis la mort de ton père, a disparu ! J’en suis guérie ! », «  Allahou  Akbar ! ». Sarrazin se prosterna, le front touchant terre et s’écria, en se relevant : «El Hamdou Lillah ! » (Allah soit loué). Ils s’enlacèrent, en tourbillonnant dans une indicible joie.  

La mère de Sarrazin continuait de ressentir un serrement des entrailles, à chaque fois que celui-ci éprouvait un quelconque malaise, aussi loin d’elle, comme un signe révélateur d’une mystérieuse prémonition, mais d’une ahurissante véracité. Elle se laissa persuader que c’était un signe divin ; un oracle.  « J’ai ressenti cette douleur,  je grelottais de froid, malgré la chaleur de la cheminée ! » dit-elle un jour à Sarrazin, à sa sortie d’école, en classe de primaire. Dans ce climat montagneux, changeant, la température avait  chuté considérablement, son enfant n’était pas habillé en conséquence. Elle l’attendait, une pelisse sur le bras, insouciante devant ses camarades de l’étonnement et de la risée, qu’aurait excités la vue d’une femme habillant son enfant devant eux. Elle était d’un tempérament  extraverti ; elle préférait des explications aux bouderies. Elle acceptait la rudesse de la vie montagnarde avec résignation, elle qui, toute sa vie, aimait répéter, parmi les siens et en toutes circonstances: « Allah teste notre foi à travers notre patience ! »

Au collège, Sarrazin avait acquis la passion de courtiser, de bonne heure, les jeunes filles. Sans doute aidé de sa prestance de beau garçon et de l’abondance de la parole, mêlée à l’humour. Déjà petit garçon, il inspirait la fierté à sa mère quand il abordait les petites filles. Elle se demandait comment l’enfant qu’elle avait mis au monde pouvait changer à ce point, devenir, si vite, aussi  grand que son père. Un matin, alors qu’il sortait d’une superette, il croisa une belle femme, d’apparence très libre, fantasque, aux longs cheveux noirs qui brillaient comme du jais. Elle lui sourit. Il fit, sur le champ, demi-tour, comme happé par les fragrances que son corps dégageait, et suivit discrètement la femme à travers les rayons du petit marché. De dos, il admirait sa chevelure tombante, les courbes harmonieuses de son corps, ses jambes galbées, sa peau blanche et fraiche. Un invincible désir d’amour l’étreignit. « Elle aurait au moins dix ans de plus que moi.» pensa-t-il. Il n’osa pas  l’aborder. De ce sentiment d’envoûtement, il ne s’était jamais départi, toutes les fois qu’il l’avait suivie, jusqu’à ce qu’un jour, elle le lorgnât, à son tour. Une idée perverse, qui germait depuis longtemps dans son esprit, et qu’il repoussa maintes fois, lui effleura de nouveau l’esprit ; visiter la chambre à coucher de la femme, durant son absence, par cette chaude après-midi d’été!

Sarrazin, non sans efforts, escalada le mur d’enceinte de la maison cossue, tout en marbre et en colonnades. Il emprunta agilement l’escalier extérieur, poussa la porte d’accès aux chambres, jamais fermée à clef. Ce détail ne lui échappa guère, à force de guetter les entrées et sorties de la femme et, avec l’aisance d’un maitre des lieux, il referma la porte, tranquillement, derrière lui. En accédant au spacieux vestibule, plongé dans un profond silence, il entra dans la première chambre, à droite, qui donnait sur la rue. Une atmosphère douillette enveloppait la pièce. La fenêtre, faiblement voilée par un léger rideau de gaze, une grande armoire, un porte-chandelles sur une table basse en verre, un grand lit défait couvert de draps de soie rouge, une commode à dessus de marbre couvert de flacons. Sarrazin prit entre ses mains le cadre de la photo de la femme, entreposé sur la table de chevet, près de quelques livres, et contempla la femme souriante. « Un sourire enivrant ! » se dit-il. Il ouvrit ensuite l’armoire-penderie, prit sur son visage une chemise de nuit et respira, profondément, l’odeur qui s’en dégageait. « L’odeur de son corps de rêve ! » pensa-t-il.

Soudain, un aboiement de chien féroce annonça l’arrivée de la propriétaire des lieux. Sarrazin se jeta sur la fenêtre et vit, discrètement, la femme refermer derrière elle le lourd portail de l’entrée, et un homme, vieux en apparence, au volant de sa voiture, l’attendant en bas. Ne se doutant de rien, elle lâcha, par réflexe, le berger allemand avec sa laisse trainante, qui grimpa précipitamment les escaliers. Arrivé devant la porte refermée, la bête redoublait de férocité par ses aboiements. Pendant ce temps, Sarrazin pâmait d’épouvante. Les aboiements lancinants ajoutaient à la peur, déjà profonde, de cette venue intempestive. Où se cacher ? Aussi inventives qu’elles pussent être, ses ressources étaient réduites à néant, sans doute à cause de la panique. Suspectant quelque chose de curieux, la femme reprit le chien par la laisse. Le  chien berger la tirait énergiquement vers la chambre, en se démenant pour se libérer. « Sortez de là, ou je lâche le chien ! » s’écria-t-elle, en direction de l’armoire, visiblement mal refermée. Devant cette menace, Sarrazin sortit, doucement, le visage blême, les mains sur la tête, le corps plié, tremblant de tous ses membres, comme une feuille secouée par le vent d’automne, le regard fixant, tantôt la  gueule béante de la bête, à la bave savonneuse, tantôt la femme. La surprise passée, la femme reconnut le jeune homme. Le voyant dans cet état de peur paralysante et incapable de prononcer un mot, elle lui tendit une chaise, en lui ordonnant : « assieds-toi ! » Elle fit sortir le chien de la chambre et referma derrière lui la porte. Elle ouvrit la fenêtre et lança au monsieur  de la voiture, qui n’arrêtait pas de klaxonner : « Ya rien ! C’est bon ! Tu peux repartir ! » Devant ces paroles, relativement rassurantes, Sarrazin reprit ses esprits, figé sur sa chaise, tête baissée. La femme s’approcha de lui et lui donna une gifle retentissante. Il la fixa du regard, sans broncher. Elle lui adressa, en vociférant, une kyrielle de questions, auxquelles il répondit machinalement : « T’as quel âge ? » «  16 ans ! » «  Qu’est-ce que tu as fait, dans la maison ? » « Je n’ai pas quitté ta chambre ! » «  Tu travailles dans quoi ? », « Je suis lycéen ! » « Tu habites où ? » « Là-haut ! Au village, on le voit d’ici !»« Qu’est -ce que tu es venu faire ? » « Juste visiter ta chambre à coucher, je n’ai pas mis les pieds ailleurs ! » « Qu’est-ce que tu cherchais dans ma chambre ? » Sarrazin, voulant exprimer le désir d’investir son intimité, lui murmura : «  Rien d’autre que ton odeur ! » Et, pris d’un élan de témérité, voulant se ressaisir de sa longue docilité, lui dit : «Tu sais que je te suivais, de loin ! » Adoucie par le franc-parler et la mollesse de ce jeune, elle esquissa un sourire. La femme savait que ce jeune garçon était tombé dans le piège de la séduction, qu’elle lui avait soigneusement tendu, fait de regards fuyants, de sourires discrets, provocants et d’un vague intéressement. Légèrement attendrie par son obéissance et la naïveté de ses réponses, elle lui dit « Oui ! Je t’ai reconnu ! Mais oser violer ma maison …» Tout en continuant de lui parler, elle posa sa main sur ses cheveux d’adolescent, châtains, drus et souples. «  Je te plais ? » lui dit-elle d’un air jouissif. Sarrazin se leva, s’approcha d’elle, la fixa de ses yeux verts, bordés de longs cils noirs. Il se rendit compte, si près d’elle, que la femme était plus petite que lui. « Tu as de beaux yeux ! » lui dit-elle. A ces mots, Il s’enhardit ; il retrouva son esprit d’adulateur et questionna, plus tard, la femme: « C’est qui ? L’homme… ? » En hochant sa  tête vers la fenêtre « C’est mon mari. Tu  ne me crois pas ?… Non, je plaisante ! Je suis sa maitresse !»  lui répondit-elle. « Le chien n’arrête pas de gratter la porte » dit Sarrazin. « Il est jaloux de toi ! Tu es dans son territoire !» répliqua-t-elle, souriante et amusée. « Ici, la chambre  même? » questionna Sarrazin. Il reçut un grand « oui » intrigant comme réponse ! Prise d’une gaieté soudaine, elle l’entraina à l’extérieur par la main en sommant le chien, pris de jappements  étranglés, de redescendre à la cour.  « Viens ! Je vais te faire visiter le reste de la maison… »  

Les petits jeux érotiques commencèrent, d’abord, sous la douche. Comme c’était sa première fois, Sarrazin fut saisi de l’appréhension d’accomplir un acte mystérieux qui lui ferait redouter son comportement sexuel et la crainte de laisser son objet, tant désiré, insatisfait. Il fallait vraiment qu’il y eût du retard pour qu’il s’y décidât. Pour nourrir la libido de Sarrazin, la femme se déshabilla, lentement, en louvoyant, sous son regard admiratif. Ses grands yeux noirs, son sourire malicieux creusant sur son  beau visage deux charmantes fossettes, sa bouche goulue empourprée, et son corps voluptueux, le tétanisèrent. Elle écrasa ses lèvres contre les siennes et l’entraina au lit, dans un long baiser. En frémissant d’impatience, elle le déshabilla, comme on l’aurait fait à un enfant, pendant qu’il lui caressait ses seins blancs plantureux et sa longue chevelure noire. Dans une grande liberté de langage, et dans des rires pouffants, les ébats amoureux s’engagèrent. Commença alors l’union charnelle, faite de baisers mouillés, dans tous les replis de leur corps. Sarrazin s’était habitué aux jeux de caresse, infiniment répétés, et au flirt. Sous l’emprise d’un désir, longtemps refoulé, il sentit ce besoin nouveau d’affirmer son identité masculine et son narcissisme phallique. Elle se débrouilla, pour le reste. Ils eurent plusieurs rapports sexuels, alternés par des douches et des pauses de relaxation, arrosées de jus de fruit, pour lui, et de quelque spiritueux, pour elle. « Pour une première expérience, tu es insatiable ! » lui dit-elle. « Depuis le temps que je te désirais… » lui répliqua Sarrazin, en lui mordant le cou. Devant la fougue de sa sexualité débridée, la femme s’exalta de la gratitude de la jouissance et des réponses sexuelles satisfaisantes, de ce jeune étalon. « Tu seras mon amant de jouissance ! » lui murmura-t-elle. Cet aveu accentua sa désirabilité chez lui et, mu par le culte de la performance, il reprit dans une fougue sa chaleur. Fascinée par cette ardeur sexuelle insoupçonnée, elle couvrit son front de baisers.

A la lumière finissante du jour, Sarrazin referma derrière lui le grand portail de la villa, en jetant un dernier regard sur la femme, debout, sur le haut de l’escalier, caressant son chien assagi à ses pieds et ne cessant de lui répéter : « Tu reviendras très vite… comme promis ! ». Il la salua de la main, mimant un baiser, et disparut d’un air fier derrière le mur de l’enceinte. Le monde apparut à Sarrazin, soudainement, si beau. Il découvrit, en marchant, que la femme lui avait mis une importante somme d’argent, en billets, dans la poche de son pantalon, alors qu’il prenait son dernier bain. 

« Une longue douche ! » pensa-t-il ce moment là, « pour que ma mère ne s’aperçoive de rien. » Il venait de vivre dans un monde magique. Il se sentit épanoui, dans sa quête personnelle, le mettant plus en confiance avec lui-même. Il pensa que cette ensorcelante aventure lui ouvrirait les horizons des aventures sexuelles adultes et croyait, déjà, cerner tous les nébuleux contours de la sexualité. Brusquement, un souvenir bizarre paralysa ses élucubrations, à lui glacer le sang dans les veines. «  C’est sûrement à cause des relents de sa boisson… », pensa-t-il. Durant ses ébats et, sur le point de jouir, il vit une étrange substitution de cette femme à sa mère, telle qu’il la voyait, nue, dans sa jeunesse, sous la captation de ce démon de djinn. Cette apparition lui souriait pendant qu’il râlait, sous l’emprise de la jouissance, et disparut aussi fugace qu’elle fut venue. La femme qui le vit un moment pétrifié, le regard hébété, lui susurra : « Qu’est-ce que tu as, chéri ? Tu te fatigues ? » « Ce n’est rien, on continue ! » lui répondit Sarrazin. Elle l’enlaça dans ses bras et ils continuèrent leur ébattement…

Une violente et ténébreuse humeur s’empara de son esprit. Une foule de questions se bousculaient dans son for intérieur : « Pourquoi ma mère est venue se transposer dans la personne de cette femme ? » « Pourquoi n’est-elle plus réapparue ? » « Comment halluciner, en plein jour ? Pour autant, je n’ai pas touché à son alcool ! Pourquoi n’ai-je pas quitté cette femme, aussitôt cette vision apparue ? » Il prit peur quand il pensa que lui aussi pouvait être possédé par un démon. « J’ai  commis l’inceste, avec ma mère ! Fût-il en un flash de temps !» se disait-il à lui-même. Pris d’un puissant sentiment de remords et de contrition, il continua de penser: « Je ne remettrai plus jamais les pieds chez elle !  ».

De cette grande ville, située au piémont de la montagne, jusqu’à son village, une demi-heure de marche lui suffirait, en prenant les habituels chemins abrupts. Pourtant, ce trajet lui sembla interminable ; sa conscience le torturait. Quand il arriva enfin à la maison la nuit tombante, il dévisagea curieusement sa mère, heureuse de le voir. « Tu pouvais rester encore plus longtemps, dehors ! » ironisa-t-elle. « Maintenant, tu te prends pour un homme ! » Cette notion d’homme le renvoya, instinctivement, à cette première aventure sexuelle. Il enlaça tendrement sa mère qui lui confia : « J’ai eu de ces douleurs au ventre, toute la journée ! Tu n’as pas eu mal, quelque part ? »  Sarrazin savait qu’il mentait, en répondant non à sa mère. Une larme rebelle coula, chaude, sur sa joue. « Mon fils »,  lui dit-elle en sanglotant dans ses bras : «   je prie Allah, cinq fois par jour, et c’est toujours insuffisant, je le sais, pour quIl éloigne le Diable de notre chemin! » Il sut, dans le regard de sa mère, qu’elle avait senti un parfum de femme, tenace. « Pense à te remettre à prier ; depuis le temps que tu as  arrêté ! » « Dieu récompensera ton abstinence, dans l’Au-delà, en attendant de te marier ! » Sarrazin resta silencieux, en se contentant d’acquiescer par des hochements de tête. La mère arrêta son discours moralisateur, fit sa lippe suspicieuse et retourna à la cuisine chercher le souper. Ses paroles résonnèrent dans l’esprit de Sarrazin comme des coups de boutoir. Il sentit, par voie d’introspection, un déchirement moral entre la pression du plaisir charnel, l’abstinence par dévotion à Allah, et l’envie de réconforter sa mère, aussi. « Plus je vais dans la voie des pulsions de ma libido, plus je deviendrai une bête immonde de plaisir et subirais le châtiment de Dieu ! » pensa-t-il.

Sarrazin prit son souper, comme chaque soir avec sa mère, au coin de la cheminée, garnie d’un petit métier à tisser, d’une amphore de terre cuite et d’un tableau exhibant des médailles. Ils entamèrent une causerie sur le lycée de cette grande ville, sur  la vie au village et sur ses gens, en majorité de leur famille. Dans cet endroit même, comme à l’accoutumée, Sarrazin attendait que sa mère terminât ses dernières prières de la journée, pour s’enfermer dans sa chambre.

La brise de l’été, chargée des effluves de la montagne, rafraichissait la nuit. Sarrazin resta de longues heures, dans son lit, sans qu’il s’endormît. En lui, un flot d’images courait. Il revit cette femme, grivoise et fringante, à la peau blanche, radieuse, au regard langoureux, le serrer dans ses bras et l’embrasser. Ses éclats de rire résonnaient encore dans son oreille. Il savait, depuis sa tendre enfance, que les chants captivants des sirènes éperdraient les marins, ou les conduiraient aux écueils. Son sommeil fut peuplé de cauchemars.

Le lendemain matin, il raconta à sa mère ce qu’il vit en rêve, en pleine mer. Sa mère, ayant acquis par empirisme des facultés d’oniromancienne, le lui expliqua d’un ton plein d’assurance : «Dieu t’a sauvé de ces monstres marins hurlants et glapissants ! C’est un bon signe d’Allah, c’est un présage de bon augure ! ».

 

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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