Le Carrefour D’algérie
Samedi 5 Novembre 2011
Sra…ma…sra
Par Sayah
Un mouton qui pense peut–t-il bêler aisément ???
Je pensais naïvement que le mouton… bêlait. C’était mal connaître le mouton algérien qui sait, à l’avance, comment pense et réagit l’acheteur algérien. Nos moutons pensent maintenant et, pire, ils savent ce qui se passe et se trame tout autour. D’ailleurs, ils ont été les premiers à savoir que tous les salariés allaient être payés incessamment. C’est-à-dire qu’ils avaient assez d’argent pour se les payer au prix offrant. Le mouton ne bêlant plus comme avant puisque trouvant cette attitude fort désagréable pour l’ouïe des acheteurs, se remet, depuis ces dernières années, à chercher la meilleure manière de se revaloriser auprès de ces millions d’égorgeurs qui se font un plaisir inouï, le jour de l’Aïd, à bomber le torse, avec arrogance, en affichant la « victime » inoffensive à leurs progénitures. Fort de cette évidence, le mouton algérien joue, avec son acheteur, au « me-veux-tu? me-voilà » avec, en sus, des dividendes non négligeables pour ses heureux propriétaires. Propriétaires qui, entre guillemets, se foutent royalement, pendant toute l’année de la nourriture et de l’état de ces moutons qui pensent tous seuls et se vendent tous seuls. Le mouton algérien, engraissé, à la vitesse grand V à l’aide de plastique, de fausse orge et d’eau, délaissé à longueur de journées au gré des humeurs, se venge en se faisant payer très cher une viande moins friande et moins entretenue qu’avant. Le mouton algérien, «exilé» de nuit et de force, par des mains expertes, vers des horizons étrangers baigne dans une amertume indescriptible d’où il ne sortira qu’en se faisant dépecer à prix d’or. Chétif et fragile, déficient puisque frêle et souffreteux, malingre et rabougri, difforme sinon rachitique, ratatiné pour ne pas dire flétri, desséché voire décharné, le mouton de chez nous est….comme ses propriétaires : il aime le dinar comme on aime sa propre personne. Il s’en moque, comme de sa première tannée, de l’opportunité de cet argent qui peut provenir de n’importe où. Et comme ses propriétaires, le mouton algérien n’aime plus le guellil, le pauvrico, le démuni qui ne peut pas se payer sa viande. Il adore les belles voitures qui stationnent pour demander son prix et qui n’acceptent aucun rabais. Il adore ces gros ventres qui le traînent par ses cornes jusqu’à ces villas huppées gardées par des énergumènes sortis tout droit d’un film à la Bond. Aïd ou pas, le mouton algérien devient un luxe qu’il n’est pas aisé de s’offrir. N’est-ce pas ???
medhayas@yahoo.fr
5 novembre 2011
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