Assurément, tous les Algériens ne sont pas des moutons. Mais tous les moutons ne sont pas les seuls à être sacrifiés sur l’autel d’une fête frelatée. Avariée. Jusque dans son sens le plus profond. Ses enseignements détournés. Sa joie gâchée. Son atmosphère empoisonnée. Son espoir confisqué. Son argent dilapidé. Sous un ciel moutonné, les moutons noirs n’auront pas droit à la fête.
Les quartiers «plantureux» seront consignés. La lumière des villes sans le «morceau», coupée. C’est que le plus «anobli» des ovins a négocié sa peau moyennant deux fois le nouveau Smig. Un vrai faux bienfaiteur a même fait don d’une cinquantaine d’animaux laineux en exigeant cash 2.000 DA à chacun des (mal) heureux élus pour payer les frais de transport.
Dans un douar «grelottant» de pauvreté, quelque part entre Tidda et Z’darna, un seul mouton sera immolé selon les grands du douar. Cela pour éviter de sacrifier tous les villageois. Leur chef, le premier. Et du rite sacrificiel sacrifié naquit la race des «ovinés».
Les hommes à la peau tondue. Les béliers castrés. Et les agneaux nés à côté des chaussures piégées du berger gerbant tout son saoul de ses terres brûlées.
A Keria, une maladie mystérieuse a frappé les bêtes encornées, ruinant les gros d’un col blanc ruiné. Un message de condoléances a même été expédié dans une bouteille jetée à la mer à BB, si triste pour les animaux trucidés. Mais le plus moutonneux des
moutons est un maquignon costumé, aux poches cousues de fil blanc et la gueule grosse comme un hold-up. Contre des sacs empilés d’argent, à l’odeur fétide de méchoui mal cuit, trois millions de moutons seront sacrifiés cette année selon le ministre de l’alimentation générale. Sous l’œil affûté comme un rasoir des autres Algériens désargentés. En attendant que le calendrier continue sa marche victorieuse vers l’Aïd prochain. Entre temps, avant même les futurs moutons, beaucoup, parmi le peuple profond, auront été sacrifiés sur les tessons d’un pays qui ne mûrit plus. D’autres auront, peut-être, envie de se pendre après avoir goûté à la sauce immangeable électoralo électoraliste, proposée en dessous de table par le cuistot en chef. Et c’est alors que vint l’ère redoutée des moutons cannibales. Le placide animal s’est mis à dévorer de l’homme et jeter ses restes aux requins affamés.
Mercredi 2 novembre 2011 |
2 novembre 2011
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