La nouvelle de Adila Katia Mercredi, 02 Novembre 2011 10:00
Résumé : Krimo découvrit qu’il s’agissait de son fils. Il perdit connaissance. Rabah ordonna à Ferroudja de rentrer. Il emmena Krimo à l’arrêt de taxi. Elle se voit contrainte de s’expliquer auprès de son fils. Elle lui avait menti. Elle lui promit de tout lui raconter une fois qu’il sera en âge de comprendre.
Farid secoua la tête pour dire non et serra son chat dans ses bras.
- Il commence à faire frais… tu vas prendre froid… Viens omri !
Ferroudja posa sa main sur le bras de son fils mais en essayant de se dégager, il serra un peu trop fort son chat. Ce dernier le griffa.
Farid se leva et recula, regardant de ses yeux écarquillés les éraflures laissées par les griffes du chat.
- C’est à cause de toi ! s’écria-t-il. Laisse-moi !
- Viens Farid ! Je passerais de l’alcool, dessus !
- Laisse-moi, je viendrais tout à l’heure…
Farid éclata en sanglots et se blottit au coin des murs. Ferroudja s’élança vers lui et l’emprisonna dans ses bras. Elle aussi se mit à pleurer.
- Pourquoi ? Parce qu’il est parti ? demanda-t-elle en saisissant le visage de son fils dans ses mains. Dis-moi, ou parce que je t’ai menti ?
- Il reviendra ? C’est vraiment mon père ?
- Oui, c’est bien ton père…
La jeune femme considéra avec amour le visage mouillé de larmes de son fils. Ses cheveux étaient blonds et bouclés. Ses yeux sombres brillaient comme les siens mais il y avait la même gravité qui se retrouvait dans le regard de son père.
Tout comme lui, il avait une fossette au menton. Farid était le portrait de son père.
- Il reviendra ? Est-ce que tu lui diras de revenir ?
- Puisque tu le veux, murmura Ferroudja. Je ferais tout pour qu’il revienne…
Farid se jeta au cou de sa mère et pleura un long moment. Quand il se fut calmé, Ferroudja lui proposa de rentrer maintenant.
Farid consentit à la suivre. À la surprise de Ferroudja. Rabah était déjà revenu. Et il l’attendait.
- Nous devons parler …
- Tu attends que j’en ai terminé avec Farid, son chat l’a griffé…
Zohra prit d’autorité la main de Farid pour le conduire à la salle de bains où il y a une boîte à pharmacie.
- Va discuter avec lui… Je m’occupe de Farid…
Rabah l’avait précédée au salon. Il ne s’était pas assis. Debout, près de la porte-fenêtre, il la regarda entrer avec des lueurs de reproche dans les yeux. Un malaise gagna Ferroudja. Quelque chose lui échappait…
Dans les yeux de Rabah, il y avait de la peur et de l’angoisse. Ce qu’elle n’arrivait pas à saisir, c’était pourquoi ?
- Pourquoi est-il venu ?s’enquit-il alors qu’elle s’asseyait sur le fauteuil le plus proche d’elle. Pourquoi il t’a suivie ?
- Il devait être curieux de voir et connaître ces amis dont je lui parlais souvent, qu’il jalousait parce que je passe tous mes vendredis avec vous !
- Est-ce qu’il savait pour Farid ?
Ferroudja secoua la tête négativement. Rabah frappa sa main contre le mur.
- Je le lui ai dit !
- Un jour ou l’autre, il l’aurait su, dit Ferroudja en haussant une épaule. Il l’aurait découvert…
Rabah était affolé. Il marchait dans tous les sens, se frappant parfois le front. Ferroudja s’était levée pour le retenir, l’inviter à s’asseoir et à se calmer. Mais quelque chose la retint. Elle avait peur qu’il la frappe.
- Mais pourquoi ? Qu’est ce qu’il y a ?
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-Il va sûrement chercher à le prendre chez lui, s’écria Rabah. Il ne peut pas me faire ça ! Je ne vais pas le laisser faire ! Il va m’enlever Farid ! Farid…
Les épaules de Rabah s’affaissèrent. L’homme alla s’asseoir et pleurait d’impuissance, les poings serrés.
Ferroudja ne s’approcha pas de lui. Elle comprit pourquoi un malaise l’avait saisie. C’était dû à l’angoisse de Rabah, celle qu’il lui avait cachée, qui avait grondé en lui jusqu’à éclater maintenant. Il le lui avait dit. Il avait peur que Krimo lui enlève Farid.
Ferroudja comprenait qu’il aimait Farid comme le fils qu’il n’avait jamais eu.
Il y avait déjà douze ans que Farid vivait chez lui. Zohra avait été une mère pour lui. Il n’avait manqué de rien. Farid avait grandi entre sa famille adoptive durant la semaine, et les fins de semaine il les avait toujours partagées avec elle, sa mère.
- Il faut que tu lui demandes d’y renoncer ! la pria Rabah qui se reprenait. Farid est tout pour nous… Qu’est-ce que je deviendrai sans lui ? Je donnerai tout ce que j’ai, mais qu’on me laisse Farid !… C’est mon fils à moi aussi ! Ferroudja, est-ce que tu feras quelque chose pour m’aider ? On pourrait porter plainte contre lui ? proposa Rabah dont le visage s’éclaira à cette idée. Je connais deux gendarmes, ils nous aideront… Ferroudja était livide. Rabah s’était tu en la voyant écarquiller les yeux. Tout ce qu’il lui avait dit ne lui avait pas plu. Il le lisait aux lueurs de ses yeux.
- Pourquoi ? Tu veux reprendre avec lui ? s’écria-t-il, surpris. C’est un bon à rien… Il n’a pas hésité à te déshonorer alors que tu n’avais que vingt ans ! Alors qu’il savait que ton défunt père te destinait à un autre ! S’il avait été sincère et honnête, il aurait attendu quelques semaines avant de partir pour l’étranger… Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’il était de retour ?
- Je ne voulais pas vous décevoir, lui avoua-t-elle. Mais j’avais fini par décider de rompre… Enfin j’avais accepté de sacrifier notre amour pour votre amitié… Je ne voulais pas perdre votre estime après toutes ces années… même si je l’aime…
- Tu ne vas pas recommencer les mêmes erreurs ? s’écria Rabah. Ferroudja, tu as trente-cinq ans… tu en as vu de toutes les couleurs ! Pourquoi reviendrais-tu sur tes promesses ? Tu nous avais promis de laisser Farid ici… de ne venir que pour lui rendre visite les vendredis. Ne me dis pas que tu vas revenir là-dessus, que tu vas me l’enlever ?
Ferroudja respira profondément et toussa pour s’éclaircir la gorge. Ce fut avec douceur et fermeté qu’elle lui répondit :
- Farid est aussi mon fils… et celui de Krimo… Parce qu’il m’aime, il n’a pas hésité depuis son retour d’Allemagne à mettre son amour-propre de côté… Il a tout accepté de moi… Je le voyais quand je voulais, où je voulais et combien de temps je voulais. Il a été sincère et honnête avec moi… Il m’a demandé en mariage… S’il est parti en France, c’est pour y faire fortune !
- Et parce qu’il n’est bon qu’à créer des problèmes, il n’a pas réussi, n’est-ce pas ?
- En effet, il n’a pas eu cette chance, reconnut Ferroudja. Mais il a gardé la tête froide, et c’est grâce à sa volonté et son courage qu’il a su se reprendre et revenir au pays… pour essayer de tout reprendre… Il tente aujourd’hui de réaliser les rêves de ses vingt ans… Et, ajouta Ferroudja, je suis persuadée qu’il réussira…
- Donc, tu vas le rejoindre ? gémit Rabah.
Ferroudja hocha la tête. Elle tenta de ne rien laisser paraître de son angoisse quand il lui déclara :
- Si tu emmènes Farid, j’irai trouver ce bon à rien et je lui dirai tout ce qu’il ignore !
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Ferroudja était anéantie et perplexe. Jusqu’où l’égoïsme mènerait-il Rabah ?
Elle se le demandait. Toujours debout à quelques pas de lui, elle le regardait. Au fond de son cœur, elle était stupéfaite. Jamais elle ne s’était attendue à ce que Rabah la menace.
Quand il lui parla de nouveau, son ton était cassant et coupant. Elle frémit. Elle devinait qu’il ne lâcherait pas son idée. Ça allait être du chantage.
- S’il cherche à reprendre Farid, je lui dirai tout ! Il n’en voudra plus ainsi !
La jeune femme n’hésita plus.
- Je le lui dirai moi-même, dit-elle. Tu n’auras pas à le faire !
Rabah sursauta de surprise. Il avait cru qu’en la menaçant, il la ferait renoncer, surtout à Krimo.
- Il n’en voudra plus ! l’avertit-il. Qui voudra d’un fils dont le doute persiste quant à savoir qui est vraiment son père ?
- Je lui raconterai tout ce qui est arrivé, déclara Ferroudja. Ce sera à lui de choisir. Je lui dirai tout, au risque de le perdre. Cela te réjouit ?
Rabah avait lâché un rire sans joie.
- Je serais vraiment réjoui s’il me laisse son fils, lui affirma-t-il. Si tu nous laisses tranquille…
Ferroudja haussa une épaule. Elle n’osa pas le lui dire tout de suite, mais elle envisageait de prendre un avocat et de demander la garde de son fils.
Si Farid restait quelques mois de plus, ce serait des mois de trop. D’autres problèmes lui seraient posés quand elle voudrait le récupérer. Il allait lui mettre en tête des mensonges. Il tenterait de creuser un fossé entre eux pour qu’il refuse de partir avec elle.
Ferroudja fit mine d’obtempérer.
- Rassure-toi, si je vais parler à Krimo, c’est pour lui enlever toute idée de venir récupérer Farid !
Le visage de Rabah s’éclaira. Il se leva.
- C’est vrai ? Tu ne me mens pas ?
La jeune femme secoua la tête alors qu’il poursuivait.
- J’aime Farid comme le fils que je n’ai jamais pu avoir. Si je devais être séparé de lui, j’ignore ce que je deviendrais… Déjà, je me sens mourir un peu depuis que je sais que son père est revenu de l’étranger.
Rabah se tut et sourit, regardant derrière Ferroudja. Zohra et Farid étaient revenus. Il alla vers le garçon, le prit par le bras et le guida jusqu’au canapé où ils s’assirent.
Il l’étreignit contre lui. De nouveau, il pleurait. Le garçon l’interrogea.
- Tu regrettes d’avoir frappé mon père ?
- Oh non, il méritait plus, répliqua Rabah. Il n’est pas digne d’être ton père. Il ne pourra jamais rien t’offrir de bien. Tu aurais vécu dans la misère si tu avais été chez lui. C’est un raté, un bon à rien…
Le garçon regarda sa mère, le regard interrogateur. était-ce vrai ? lisait Ferroudja qui choisit de se taire. Elle ne voulait pas lui mettre de fausses idées en tête ou faire de Krimo l’incarnation du mal et de l’échec.
Il n’avait jamais rien eu gratuitement. Il avait dû batailler pour essayer d’avoir un peu de chance. Il s’était débattu pour se dégager des filets que la malchance lui avait tendus et qui s’étaient resserrés sur lui jusqu’à l’étouffer…
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Son retour n’avait pas été facile. Il était revenu de loin. Ses rêves avaient tourné au cauchemar. Il lui avait fallu beaucoup de courage et de fierté pour revenir au pays, pour regarder ses amis qui avaient réussi leurs vies professionnelle et privée.
Ferroudja savait qu’il était sur la voie de la réussite même s’il n’était ici que depuis huit mois. Il était sérieux au travail. Quand il aura terminé ses études, il ouvrira un cabinet. Il était en train d’apprendre auprès des meilleurs.
Non, Farid aurait beaucoup à gagner en vivant avec un père comme lui. Et la jeune femme était convaincue qu’il était le père de Farid. Ils se ressemblaient en tout. Mais comme Rabah le lui avait dit, le doute persistait. Krimo ou son ex-mari ?
Quand elle avait été séparée de Krimo puis été mariée, peu de temps avait passé. Aussitôt enfermée, aussitôt mariée.
Avant et après son mariage, elle n’avait pris aucun contraceptif. Avec Krimo, elle avait voulu profiter de leurs rencontres pour marquer le temps, pour être enceinte, pour forcer sa famille à accepter leur mariage.
Mais elle avait dû déchanter. Aussitôt mise au courant, sa famille l’avait séquestrée quelques jours chez un oncle paternel résidant au village natal avant de la marier à cet ami de son père. Farid était né au septième mois. Depuis, Ferroudja doutait. Pour elle, Krimo était son père, vu qu’à ses yeux Farid avait été conçu avant son mariage forcé. Elle en était persuadée.
Seulement, la gynécologue lui avait affirmé que le bébé était né prématurément. Enfin, après toutes ces années passées, Ferroudja était contrainte à tout tirer des oubliettes. Elle en parlerait à Krimo… Ferroudja était contrainte à en parler à Krimo. Elle savait que Rabah le ferait aussi, pour que Krimo renonce à son fils.
Elle ne parvenait pas à fermer l’œil. Elle passa la nuit chez ses amis, mais la joie avait déserté son cœur. Elle avait beau sourire à son fils, l’angoisse la torturait.
Elle passa une nuit blanche à se tourner et à se retourner dans son lit. Au matin, elle partit, alors que Rabah et Zohra n’étaient pas encore réveillés. Ferroudja savait que Rabah ne s’était pas couché tôt. Elle l’avait entendu aller et venir dans le couloir. Lui aussi était très inquiet. Il tremblait à l’idée qu’on lui enlève Farid, qu’il considérait comme son fils. Craignant le retour de Krimo de l’étranger, il lui avait fait promettre de ne jamais le revoir. Ferroudja avait promis, mais elle n’avait pas tenu sa promesse en le revoyant.
La jeune femme arriva à Alger vers neuf heures, elle avait dû attendre. C’était vendredi, les taxis n’étaient pas nombreux à circuler en ce jour de repos et de prière. Elle se rendit à pied chez Krimo. Quand elle frappa à la porte de son appartement, elle sursauta quand il ouvrit au deuxième coup comme s’il attendait quelqu’un. Il s’expliqua alors qu’elle entrait et refermait la porte.
- Je t’ai vu arriver, je savais que tu viendrais…
- Tu vas bien ? demanda-t-elle d’une petite voix en regardant son œil au beurre noir, elle remarqua qu’il évitait de s’appuyer sa jambe gauche.
- Pour qui se prenait-il ?
- Je pense qu’il avait peur, qu’il croyait que tu étais un fou…
- Il m’a dit que Farid était mon fils, dit Krimo en grimaçant de douleur quand il s’assit sur son lit.
- Je suis venue t’en parler, commença-t-elle mais il lui fit signe de se taire en levant la main et en fermant les yeux.
- Tu m’as caché l’existence de Farid, pourquoi ? Est-ce vraiment mon fils ?
- C’est difficile à expliquer Krimo, tu le sais, nous avons eu des rapports avant d’être séparés. Ni toi ni moi n’avons pris de contraceptifs. Lorsque j’ai été mariée, je n’en ai pas aussi pris… Farid est né sept mois après notre séparation… Cela a fait naître des doutes. Même si, pour moi, tu es le père de Farid, la gynécologue qui m’a suivie m’a toujours affirmé que le bébé était né prématurément… Je voulais tellement qu’il fût le tien que je n’hésitais pas à le dire à mon mari…
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Ferroudja s’était tue un moment, pour essuyer ses larmes. Tous ses souvenirs la remuaient. Elle se ressaisit avant de poursuivre.
- Alors, il ne me croyait pas. Il savait que je voulais divorcer pour pouvoir te retrouver. A notre mariage, il ignorait tout de notre histoire. Il fallut qu’il parte sur Alger pour que des rumeurs lui parviennent. Nous avons commencé à nous quereller… quand je le pouvais, je partais de chez lui… Parce qu’ils avaient des commerces communs, ils refusaient toute idée de divorce. J’ai eu une fille deux années après la naissance de Farid… Quand père mourut dans un accident, je n’hésitais plus et quittais mon foyer. J’ai pu divorcer. Mon ex-mari ne voulut pas de Farid, parce qu’il avait des doutes. Comme tu le sais, j’ai été reniée. Et comme je n’avais rien, ni argent ni où vivre, je n’ai pas hésité à confier Farid à Zohra et son mari, les meilleurs amis de ma défunte mère. Aujourd’hui, ces derniers l’aiment trop pour envisager de se séparer de lui !
- Il porte le nom de ton premier mari ?
Ferroudja hocha la tête.
- Pourquoi m’as-tu parlé des doutes ?
- Je ne voulais pas que cela soit Rabah qui le fasse, dit-elle. Peut-être qu’il t’aurait menti, juste pour que tu te détournes de moi… Tu comprends ?
- Je vais récupérer notre fils… Je ferai tout pour lui ! Mais, en premier, on se mariera !
Ferroudja fut bien heureuse ce jour-là. Elle réalisa qu’ils venaient de se retrouver pour de bon et qu’ils n’avaient plus de secrets l’un pour l’autre. Ils n’avaient plus rien à craindre de la vie. Les épreuves à venir, ils les affronteront ensemble.
Comme elle s’y attendait au cours de la journée, Rabah vint chez elle. Il voulait l’adresse de Krimo.
- Je dois lui parler. C’est urgent !
Elle lui fit signe de s’asseoir.
- Il va arriver d’une minute à l’autre ! Vous pourrez discuter ici. Quoi que tu aies à lui dire, je peux l’entendre !
Krimo arriva peu de temps après. Il ne sembla pas surpris de le trouver.
- Allons discuter dehors !
Tous deux en avaient envie. Krimo ne voulait pas que Ferroudja entende les propos de Rabah. Dans sa colère refoulée, il pourrait être odieux. Si elle avait pris les devants en venant tout lui raconter, c’était qu’elle ne lui faisait pas confiance. Mais Rabah ne dit rien de mal sur elle. Il alla droit au but.
- Farid est mon fils et vous ne pouvez pas bouleverser sa vie comme ça !
- Il est mon fils ! Ferroudja et moi allons nous marier et le prendre avec nous !
- Rien ne prouve qu’il soit à vous !
Krimo secoua la tête.
- C’est possible. Pour en être certain, nous allons faire un test ADN… S’il est de moi, il faudra vous faire une raison ! Et même si nous faisons notre vie, rien ne l’empêchera de vous voir quand il le voudra ! Je comprends votre attachement. Douze ans, c’est long, pour vous qui l’avez élevé et pour moi qui voudrais rattraper le temps perdu ! Comprenez-moi, je n’ai rien contre vous ! Mais je ne peux pas renoncer à lui !
- Pensez à notre peine ! Maalich, allez vous marier, vous aurez d’autres enfants, dit Rabah, le regard larmoyant.
- Non… Ce que vous me demandez relève de l’impossible ! Si je lui tourne le dos maintenant, je ne pourrai jamais plus me regarder dans une glace ! Acceptez les choses, ce sera plus simple pour nous tous ! Farid, vous le verrez quand vous le voudrez, il vous rendra visite quand vous le souhaiterez !
Rabah partit le dos rond, le poids de sa peine pesait sur ses épaules. Krimo n’y était pas indifférent, mais tout ce qui comptait maintenant, c’était Ferroudja et leur fils.
Ils firent un test de paternité, et là, Krimo eut la certitude qu’il s’agissait bien de son fils. Quelques jours après, ils se marièrent. Rabah était revenu à de meilleurs sentiments. Lui et sa femme vinrent à la petite réception donnée ce jour-là.
Ils étaient enfin réunis. Farid commençait à connaître son père. Il adorait lorsqu’il lui racontait ses histoires. Même si elles finissaient souvent mal, il était attiré par l’étranger. El ghorba…
- Pourquoi on n’irait pas vivre là-bas ? Fel ghorba kheir…
Ferroudja qui ne semblait pas désapprouver l’idée de leur fils lui demanda ce qu’il avait fait de ses papiers.
- Je les ai toujours, répondit-il. Pourquoi ?
- Rien ne nous retient ici ! Emmenons-le vivre où il veut ! On aura un œil sur lui, dit-elle. Tu seras là pour le guider, lui ouvrir les yeux sur les dangers de la vie ! Tu nous protégeras…
- Je n’y ai pas été heureux. La solitude a été ma compagne et…
Ferroudja le rassura.
- Cette fois, tu ne seras pas seul ! Et si nous ne l’emmenons pas, il finira par partir une fois qu’il en aura les moyens. Tu ne voudrais pas qu’il devienne un harrag ? l’avertit-elle. Tu ne voudrais pas que cela arrive ?
- Non.
Le jour où ils partirent, Krimo eut la sensation d’être transporté quelques années en arrière. Pourtant, il n’y retournait pas pour y vivre des aventures, mais pour permettre à son fils d’avoir la chance qu’il n’avait pas eue. La solitude et l’ennui n’existaient pas pour lui. Ferroudja et Farid le comblaient de bonheur.
Jamais il n’aurait cru qu’en rentrant au pays, parce que la misère et la solitude l’avaient mis à genoux, qu’il retrouverait son amour de jeunesse et la sérénité dans sa vie.
Fin
A. K.
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