Le JT de l’ENTV déborde de Polisario-attitude depuis presque une semaine. Le Président de la RASD a droit à deux heures «portes ouvertes» sur nos écrans. Les Sahraouis sont filmés heureux et riants de la solidarité internationale, des étrangers sont invités à manger des couscous sous les tentes et les caméras à Tindouf et à Alger,
la deuxième conférence internationale sur «Le droit des peuples à la résistance : le cas du peuple sahraoui» fait office de kermesse. En face, au Maroc, c’est le bruit des tambours : Médi-1 fait ses unes sur les risques pour les Occidentaux d’aller au sud de l’Algérie, l’Algérie est présentée comme un pays mangeur d’hommes blancs, des revues de presse italienne insistent sur la connexion présumée entre Al-Qaïda et le Polisario, les Sahraouis des camps sont «analysés» comme des recrues et des gisements de recrues faciles pour AQMI.
Pourquoi cette énième guerre des sables ? A cause de la dernière prise en otage d’humanitaires espagnols et italien dans un cap à Tindouf. Chacun veut user des otages pour les convertir en monnaie nationale et pas seulement AQMI. Cette guerre occupe les médias, prend la moitié de l’ENTV et le quart du Royaume médiatique à côté, mais semble se passer au-dessus de la tête des Algériens et des Marocains. On s’imagine un peu l’étonnement d’un algérien de Aïn-Felxy regardant ce brusque étalage «sahraoui» sur sa télé sans en comprendre la raison. L’essentiel n’est pas dans les raisons des uns et des autres cependant : le Maroc fait sa guerre, le Polisario fait la sienne et l’Algérie fait ses calculs. L’essentiel est de voir à quoi a été réduit ce coin du monde et du Maghreb.
Le monde «arabe» change à l’allure d’un putsch tous les quatre mois, une nouvelle population est née et veut naître vraiment, des démocraties s’installent et d’autres sont en ballotage, des peuples meurent et s’enterrent et remarchent le lendemain : et que se passe-t-il au Maghreb du Maghreb ? Entre l’Algérie et le Maroc ? Des conciergeries, des disputes de cages d’escalier, des crispations de générations et de mémoire. D’ailleurs, la guerre des mémoires entre les deux voisins est plus violente qu’entre l’Algérie et la France par exemple. Les deux régimes ne perçoivent pas qu’ils vivent, tous les deux, une fin de règne et que dans la moitié d’un siècle, ces vols de chaussures entres voisins seront perçus comme une maladie sénile et pas comme une guerre de position.
On le sait, il n’y a pas de démocratie en Algérie, il n’y a pas de démocratie au Maroc et il n’y a pas de démocratie chez la RASD. Tout le reste n’est que des coups, des sales coups ou des infantilismes régionaux. Tout le monde use des otages étrangers dans ce coin. Et chacun veut gagner quelque chose sur le dos de l’autre.
1 novembre 2011
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