Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Stop!
«La vengeance n’est pas notre objectif mais nous voulons plutôt que la France ait le courage de reconnaître officiellement ses crimes», a annoncé Belkhadem du haut d’une tribune.
En fait, Belkhadem pense et parle comme tout le peuple, ce qui ne justifie en rien que lui seul occupe la tribune, ni qu’il soit ministre, ni qu’il ait été chef du gouvernement. Mais en attendant que la France demande pardon et réponde à la demande, faut-il rester les bras croisés? Est-ce le seul obstacle à notre développement? L’Histoire a déjà jugé le colonialisme français. Les historiens dont bon nombre de Français ont fait le tour de la question et offert à l’Algérie une bibliothèque d’ouvrages de référence. Le maire de Paris a manifesté en plein cœur de la capitale française sa reconnaissance des crimes coloniaux. Qu’a laissé Belkhadem comme ouvrage de référence pour continuer le combat libérateur? Quelques feuilles de discours froissées sorties de ses poches, puisés dans la langue de bois, dont on ne sait même pas s’ils vont faire l’objet d’un recueil ante ou post mortem. Juste pour pouvoir situer le personnage dans un paysage politique qui exige plus de sérieux et la validation d’un projet social conforme à l’avenir. Avec le «printemps arabe» commandé ou pas, les choses ont changé et si ceux qui ne l’ont pas compris, continuent de croire en une grandeur éphémère, c’est qu’ils sont en train d’emprunter le chemin de la psychiatrie malgré eux. Parce qu’ils ne peuvent plus changer. Lorsque le chef officiel du FLN lance «aujourd’hui, on veut altérer la vérité et occulter les pratiques inhumaines contre les Algériens à travers des hommages aux harkis et la promulgation de lois glorifiant le colonialisme», on a même envie de lui dire «mais de quoi, je me mêle! Vous n’avez qu’à faire des lois qui disent le contraire». Le drame, c’est qu’à la veille d’un grand rendez-vous électoral, Belkhadem pense encore mobiliser ce qui lui reste comme troupes avec des slogans d’un autre âge, au moment où des jeunes souffrent de tant de défaillance d’une politique dont il a été l’un des artisans. Et juste pour s’amuser, qu’en sera-t-il si l’on demandait aux jeunes qui veut quitter l’Algérie pour la France et qui veut rester au pays? Juste pour s’amuser. Juste pour dire à la lecture des résultats que certains ont trop duré au pouvoir et qu’ils commencent au moins à faire semblant de ramasser leurs affaires.
31 octobre 2011
Contributions