Un moujik conduisait un âne et un bouc au marché de la ville pour les vendre.
Un grelot était attaché au cou du bouc.
Trois voleurs aperçurent le moujik ; l’un d’eux dit :
— Je vais lui voler son bouc, et il ne s’en apercevra même pas.
Un autre voleur dit :
— Moi, après, je lui volerai son âne.
— Ce n’est pas difficile non plus, dit le troisième voleur ; quant à moi, je lui volerai tous ses vêtements.
Le premier voleur s’approcha furtivement du bouc, lui ôta son grelot, qu’il attacha à la queue de l’âne, et emmena le bouc.
Au détour de la route, le moujik se retourna, et, n’apercevant plus le bouc, se mit à sa recherche.
Alors, le second voleur aborda le moujik et lui demanda ce qu’il cherchait. Le moujik lui répondit qu’on lui avait volé son bouc.
— Je l’ai vu, ton bouc, reprit le voleur, il n’y a qu’un instant ; un homme passait dans la forêt avec l’animal, tu peux encore le rattraper.
Le moujik courut à la recherche de son bouc et confia l’âne au voleur. Celui-ci s’empressa de fuir avec l’animal.
Quand le moujik revint, et qu’il vit que l’âne avait disparu, il se mit à pleurer et s’en alla tout droit devant lui.
Sur la route, près de l’étang, il rencontra un homme qui pleurait aussi ; le moujik lui demanda ce qu’il avait.
L’homme lui raconta qu’on l’avait chargé de porter à la ville une sacoche pleine d’or, qu’il s’était endormi près de l’étang, et que, pendant son sommeil, la sacoche était tombée dans l’eau.
Alors, le moujik lui demanda pourquoi il ne se jetait pas à l’eau pour la chercher.
— Je crains l’eau, dit l’homme, et je ne sais pas nager ; mais je donnerais bien vingt pièces d’or à celui qui me la retirerait.
Le moujik parut tout joyeux ; il pensa :
— Dieu veut réparer la perte que j’ai faite de l’âne et du bouc. — Il se déshabilla, descendit dans l’eau, mais ne trouva pas la sacoche.
Quand il sortit de l’eau, ses habits avaient disparu.
C’était le troisième voleur qui l’avait volé.
28 octobre 2011
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