Le Carrefour D’algérie
Mercredi 26 Octobre 2011
Soug ennsa
Par Farida T.
Mais comment faisait-on avant?
Que l’on ait 7 ou 77 ans, le téléphone portable est devenu un membre à part entière de notre corps. Une extension. Une troisième main quasiment. Au point où, on pourrait oublier son enfant à l’école mais pas son portable à la maison. D’ailleurs, justement pour ne pas oublier d’aller ramener son enfant de l’école, que fait-on?
On programme le fameux téléphone pour qu’il nous le rappelle. Il ne nous viendrait plus à l’esprit de s’en passer. Le téléphone multifonctions est devenu l’outil de «sociabilisation» le plus important. On peut se passer de secrétaire, d’agendas, de réveil, d’appareil photos, de caméra, de journal, de dictionnaire, lecteurs de CD… A lui seul, il assure tous ces services. Il faut avouer tout de même que c’est une invention géniale et révolutionnaire. D’ailleurs, la jeune génération ne peut admettre qu’il ait pu exister une vie «anté» portable. Une vie «normale» avec des amis, des parents, de belles histoires d’amitié, d’amour et de trahisons, des rendez-vous qu’on respectait pourtant, des relations professionnelles et des tâches pour le lendemain, des anniversaires et des fêtes dont on se rappelait depuis le début du mois et qu’on notait dans un petit coin de sa mémoire, qu’on préservait et qu’on exerçait régulièrement, pour ne pas oublier d’écrire une belle carte personnalisée qu’on choisissait avec le plus grand soin…La jeune génération qualifie de «perte de temps» ce qui nous procurait du plaisir. Nos amis, on trouvait le temps de les voir, et pour nos parents, on s’en faisait un devoir. Nos émotions étaient décrites à travers des poèmes, des métaphores et des euphémismes, alors que les leurs sont des émoticônes !!!La jeune génération ne peut concevoir la vie sans le «I Phone» ou «IPAD» et qualifie de moyenâgeusement désuet tout ce qui ne se décrit pas en «giga» ou en «tactile». Ce n’est pas pour sombrer dans la nostalgie mais, c’est un constat réel: Avec l’avènement des mobiles, on ne s’écrit plus. Les seules lettres qui transitent par la poste sont encore les demandes administratives ou bien les factures d’énergie et de télécoms. Les jeunes se demandent comment a-t-on pu vivre heureux en attendant quotidiennement le passage du facteur qu’on tentait presque de corrompre pour avoir une petite lettre, une petite nouvelle, une pensée… et au pire des cas, un timbre poste pour les philatélistes qu’on était tous, frustrés de ne pouvoir explorer le monde qu’à travers les images de ses quatre coins, justement. La jeune génération ne peut pas comprendre que les sentiments et les vœux ne peuvent se contenter d’un simple clic sur «copier» et un autre sur «coller» car autrefois, même si le jardin était rempli de fleurs, à nos yeux, chaque fleur était unique et à chaque fleur, il fallait un langage approprié. La jeune génération ne peut pas comprendre que leur téléphone n’est en réalité que la malheureuse cause de leur «dessociabilisation».
26 octobre 2011
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