Avoir le feu, c’est être pressé, avoir la bougeotte, voire être enthousiaste. Par contre, l’application concrète et littérale n’a pas le même effet. On parle d’immolation. On ne s’imagine pas l’impact des mots lorsque ceux-ci s’appliquent à des situations réelles, de détresse notamment. Dans ce cas de figure, on est pressé certes mais d’en finir. Cela n’est pas l’exaltation ou l’euphorie qui nous pousse à réaliser cet acte. L’inspiration nous quitte. C’est par contre toujours une fuite en avant et sans retour possible.
La force des mots. Beaucoup ont écrits là-dessus. Un jour, dans un livre, les accents ont disparu. Rendant le lecteur désemparé car incapable de comprendre la signification des mots entrechoqués à nu sans leurs carapaces. Sans aucun rythme oral. Sans vie.
Les mots. Le dira « ton ». Les articulations verbales. Sans ordre. Les mots pourraient être inaudibles ou pires incompréhensibles. Attention, danger explique-t-on aux enfants : c’est un gros mot. Il ne faut pas le dire. Ils sont nuisibles. Ils peuvent faire du mal autour de soi. Choisir son vocabulaire, c’est bien souvent se tracer une ligne de conduite. Un chemin social à travers les relations. Le verbe est une protection à qui sait en user. Approprié soit-il, propriétaire il vous rend. Oser en parler. Libre vous choisissez d’être. On admire les beaux parleurs. Ceux qui savent danser avec le vocabulaire, jongler avec les conjugaisons, chanter avec la grammaire. Feu Aymé Césaire. Son père disait que lorsqu’il parlait, la grammaire chantait. Une arme redoutable, la langue. Sans elle, nous serions incapables de décrire nos sentiments. Ceux qui animent ces événements de la vie.
24 octobre 2011
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