Résumé : Krimo décida de couper court. Pendant plusieurs semaines, il ne cherchera pas à la voir. L’été avait pris le pas sur l’été. Un jour, Ferroudja le surprit en lui rendant visite. Elle avait visiblement pleuré.
Il avait beau l’aimer, il voulait qu’elle souffre un peu. Elle lui proposa de sortir en week-end. Elle voulait aller à la mer. Il accepta de l’y emmener…Krimo et Ferroudja partirent à Bordj El-Kiffan le jeudi matin. Ils n’arrivèrent qu’à onze heures sur la plage. Il était heureux. Son copain possédait de grandes villas dont les chambres avaient des balcons. Il y avait une grande terrasse. Saïd leur avait laissé deux chambres voisines et communicantes par le balcon qui donnait sur le jardin. La soirée était animée par un groupe de musiciens, tous originaires de la région.
Ferroudja et lui passèrent un merveilleux après-midi, de ceux qui demeurent dans la mémoire durant toute une vie. La mer était calme. Son eau bleue tentait beaucoup les jeunes qui n’hésitaient pas à nager très loin. Ferroudja et lui avaient déjeuné au bord de l’eau, sous un parasol. Ensuite ils s’amusèrent dans l’eau. Ils louèrent un pédalo et se promenèrent ainsi le long de la plage. Krimo était heureux comme il ne l’avait jamais été depuis son retour d’Allemagne. Il oubliait que cette femme n’était plus à lui, qu’elle appartenait à un autre qu’elle avait choisi et qu’elle aimait. Il oubliait que ce week-end n’était qu’un entracte où elle lui était prêtée. Le soir, ils s’habillèrent pour dîner dans la salle à manger de la villa. Les autres locataires, vacanciers tout comme eux, étaient rentrés pour le dîner. Des chandelles illuminaient les tables et rendaient l’endroit plus intime et plus chaleureux. Le groupe de musiciens jouait des airs romantiques. Des jeunes dansaient sur la terrasse, aménagée pour les occasions en piste de danse.
Krimo avait envie de faire comme eux. Il attendit que Ferroudja ait fini de dîner, et même son dessert, pour lui dire :
- Et si on dansait ?
- Krimo, le gronda-t-elle en riant, nous ne sommes plus jeunes.
- J’ai trente-cinq ans, tout comme toi… Pour moi, la vie s’est arrêtée il y a quinze ans… C’est comme si je m’étais réveillé d’un long et mauvais rêve… Accepte de danser…
Il y avait déjà plusieurs couples sur la piste et ce fut avec bonheur qu’il prit Ferroudja dans ses bras. Les battements de son cœur lui coupaient le souffle. Il se sentait comblé. C’était la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés qu’il la tenait ainsi. Il aurait aimé faire un faux pas pour qu’elle trébuche, pour qu’il puisse la retenir et la serrer plus fort. Mais Krimo n’osa pas.
Ils quittèrent la terrasse. Ferroudja prétextait être fatiguée. Mais lui, il ne pouvait pas se résigner à voir terminer cette soirée de rêves. Il était empli de crainte et de désir au seuil de la nuit.
Il espérait beaucoup et il aurait voulu reprendre leur ancienne relation. Mais il avait peur d’avoir à essuyer un refus. Il lui en voulait d’avoir oublié, enterré leur amour, de le tenir à l’écart d’une partie de sa vie, de l’avoir remplacé par quelqu’un d’autre. S’il avait tenté de l’embrasser et qu’elle l’eut repoussé, cela aurait été non seulement la fin de leur périlleuse amitié, mais aussi, pour lui, son geste l’aurait blessé et la douleur aurait été difficilement supportable.
Mais aujourd’hui, se consolait-il, tout était différent. Il n’y avait pas l’ombre de Rabah. La journée avait été parfaite. Il l’avait sentie à chaque instant en union avec lui, il n’y avait pas eu la moindre fausse note et elle avait paru aussi heureuse que lui dans leur intimité retrouvée. Oh, il ne ferait pas comme autrefois. Il saurait l’aimer, la garder, la rendre heureuse et la protéger. Il lui ferait oublier définitivement Rabah…
Ils montèrent à l’étage, se souhaitèrent bonne nuit et rentrèrent dans leurs chambres respectives. Les chambres communiquaient par un balcon.
Krimo ne pouvait pas se résigner à être longtemps séparé d’elle. Au bout d’un quart d’heure, où il s’efforçait à de se calmer et d’être plus patient, il finit par sortir sur le balcon.
Il l’appela doucement. Il n’en pouvait plus…
- Ferroudja !… Ferroudja…
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24 octobre 2011
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