Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Farida T.
La cote des otages en course
Les négociations menées depuis plus de cinq années ont abouti à la libération de Guilat Shahid. A priori, c’est une nouvelle réjouissante pour tous ceux qui se sont mobilisés pour cette libération. La vie d’un otage franco-israélien contre celle de plus d’un millier de Palestiniens. A priori aussi, c’est une victoire pour le Hamas palestinien. On ne peut que se réjouir et se prosterner devant cet évènement heureux
pour des milliers de familles palestiniennes. Mais, entre nous, au delà de l’indéniable satisfaction que procure la remise en liberté de ces personnes séquestrées depuis plus de dix ans pour certaines, après avoir consommé le bonheur furtif que provoquent aux voyeurs passifs que nous sommes, ces scènes de liesse et de retrouvailles diffusées par tous les médias du monde, il y a quand même une question qui se pose : est-ce la vie de Guilat Shahid qui a beaucoup de valeur ou celle des Palestiniens qui n’en a aucune ? Faut-il se féliciter ou bien s’indigner de ce deal ? Aucune idée. Par contre, ce qui est certain, c’est que la valeur de la vie humaine n’est pas égale, et les dents du peigne mythique non plus. Loin de là. Mais d’un autre côté, au taux où est la devise, à quoi peuvent s’attendre les Arabes ? On échange bien un euro pour 150 DA sans scrupules aucun, alors pourquoi se voiler la face et s’offusquer face à l’accord sur lequel ont pu déboucher les très difficiles négociations menées depuis des années entre le Hamas et Israël ? C’est logique, tout simplement pour une fois que la dévaluation monétaire et humaine a du bon, pourquoi s’en priver ? Et donc, mathématiquement parlant, si le Hamas veut faire libérer la totalité des cinq mille otages encore détenus dans les geôles d’Israël, il suffisait d’un petit calcul. Une règle de trois : si la vie d’un otage israélien correspondant à celle de 1.027 Palestiniens, combien faut-il kidnapper d’Israéliens pour libérer tous les otages palestiniens ? Facile, on peut d’ores et déjà les compter sur les doigts d’une seule main. Du coup, on se sent ridiculement petits et vraiment mal aimés. Quand on repense aux marins algériens kidnappés depuis le 1er janvier dernier par des pirates somaliens, on se dit que ces pirates sont forcément des amateurs et qu’au final, ils se sont bien encombrés avec ce fardeau. Car, quitte à kidnapper, et rendre d’énormes risques, autant cibler la bonne personne, née sous la bonne étoile. Surtout qu’en contrepartie, l’Algérie n’a rien à gagner dans cette histoire. Elle n’a rien à négocier avec la Somalie. L’Algérie ne négocie pas en cachette avec les pirates somaliens. C’est un principe. l’Algérie négocie ouvertement… avec d’autres.
20 octobre 2011
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