Elle est l’une des plus anciennes villes ou cités d’Algérie et du Maghreb. Elle est sertie d’un “chapelet d’oasis” qui ne fait qu’amplifier sa beauté ravageuse. Appelée, la reine des Zibans, ou la porte du désert, elle est située à 115 km au sud-ouest de Batna, à 222 km au nord de Touggourt et 400 km environ au sud-est d’Alger.
Rien que son nom suscite la curiosité et l’intérêt. “Autant reconnaître que mon intérêt résulte en définitive d’une envie de ressusciter un passé qui ne verse pas dans les trémolos”, écrit l’auteur.
Dans son dernier ouvrage intitulé Biskra, miroir du désert, notre confrère Mohamed Balhi offre une ode à sa ville natale, pour laquelle il voue un amour incommensurable, sans limite. Deux cent quarante-six pages consacrées à cette cité où l’historien et cadi, Ibn Khaldoun, y a longtemps séjourné.
D’ailleurs il n’est pas le seul à avoir succombé au charme ravageur de Biskra, beaucoup après lui y sont tombés dans ses “griffes”. Ils ont été séduits pour beaucoup d’entre eux par son climat hivernal exceptionnel. En effet, de 1880 à 1920, elle est à la mode chez les Britanniques qui s’y rendaient pour fuir la grisaille. Elle était aussi réputée que la Riviera, en France. Vu l’engouement qu’elle suscitait chez les Européens, Biskra est “intronisée station climatique” en 1922.
Beaucoup d’artistes, écrivains, artistes peintres ou autres s’y rendaient à la recherche de l’inspiration perdue, de cette liberté qu’ils ne retrouvaient plus chez eux. Parmi eux, l’on peut citer : Robert Hitchens, André Gide, Oscar Wilde, Eugène Fromentin, luigi Brignoli, Hendri Matisse, Bela Bartok, Clare Sheridan, Arthur Frederik Bridgman, et bien d’autres. Ils ont tous été – disons-le sans complexe – amoureux de cette ville. Cet amour et cette fascination étaient décelable, voire suggérés à travers leurs œuvres. Toutefois, dans les récites de voyages ou autres écrits qui lui sont consacrés, tous sont unanimes à mettre en exergue la beauté particulière de cette cité.
Même vocabulaire, même descriptif : “ébahissement, découverte des gens, luminosité et contraste des couleurs, musicalités différentes…”. En outre, selon l’auteur, Biskra n’a pas attiré reçu uniquement les lettrés étrangers ; “Mouloud Mammeri avait reçu le prix des quatre jurys dans cette ville enchanteresse”, mentionne-t-il dans son livre.
Miroir de la passion
C’est dans cet univers de féerique, gorgé de nostalgie, que l’auteur plonge le lecteur. Vingt-cinq chapitres, suivis d’un épilogue, d’impressions et de notes bibliographiques, composent ce beau livre qui est agrémenté de photographies d’époques – dommage que certaines sont trop pixélisées (saturées en grain) –, qui à elles seules racontent l’histoire de Biskra.
Les photos sont soit des clichés en noir et blanc de l’époque, soit des toiles de maîtres qui ont séjourné dans cette ville et qui n’ont pu résister à peindre ce que leurs yeux accrochaient, car conquis. Mais ont-ils tout dévoilé. Car même aujourd’hui, la magnificence des sites naturels est intacte. Ils sont “la carte maîtresse” d’un tourisme de qualité. Dès les premières pages, et après lecture du premier chapitre, Miroir du désert, l’on devine aisément, pourquoi cet intérêt pour Biskra.
La description est tellement captivante – c’est le cas tout au long du livre – que le lecteur est happé par la cavalcade des mots. L’amour d’Ahmed Balhi est aussi présent. Avec simplicité, il raconte l’histoire de la ville qui l’a vu naître, et qu’il porte toujours dans son cœur, même s’il l’a quittée pour vivre à Alger, ville d’adoption. Les différents chapitres défilent comme des haltes que le lecteur doit marquer.
L’auteur revient sur les moments forts de la ville des Zibans. La fluidité du style et de l’écriture rendent la lecture aisée, captivante. L’on arrive à la fin de ce beau livre comme si on venait de voir un film.
Tellement la description imagée est très présente. Biskra miroir du désert, une chanson d’amour qui raconte la passion d’un homme pour sa ville.
À travers mots et images, il revient sur les traces d’une cité, qui a été une destination privilégiée d’“hiverneurs”, un haut lieu du tourisme mondain. En arrière-fond, il y a, bien sûr, la réalité coloniale, avec ses clichés, ses fantasmes et ses discours.
Amine IDJER
Biskra, miroir du désert de Mohamed Balhi,
éditions Anep, beau livre, Alger, 2011.
246 pages.
19 octobre 2011
1.LECTURE