Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Farida T.
Le Nobel pour une femme voilée
Plus qu’un prix, plus qu’une récompense, le Nobel décerné à trois femmes du Tiers monde, (deux Libériennes et une Yéménite) et à Tawakoul Karman, une yéménite en particulier, revêt une dimension symbolique et sûrement historique. Un drible ingénieux qui vient démentir tous les pronostics pré-nobéliens.
Un pied de nez à tous ceux qui ne peuvent juxtaposer sur une même ligne les deux concepts: «paix et Islam». De surcroît, lorsque l’Islam en question est affiché par un voile sur la tête. Dérangeante, embarrassante et incomprise sera la décision de ce comité suédois qui contre toute attente récompensera du prix de la paix une « islamiste ». Comment cette dichotomie est-elle possible? Tout le monde le sait, s’égosille à expliquer les plus outragés: « On ne peut pas être arabe, musulman et porteur de paix en même temps ». C’est une réalité Mendélienne presque. Un patrimoine héréditaire transmis depuis les grandes invasions au nom de l’Islam et confirmée par des fous de Dieu qui auraient percuté un malheureux 11 septembre deux tours qui s’élevaient trop haut dans le ciel. Trop indécentes. Trop éloignées de la misère du monde d’ici-bas. Tout le monde le sait, disent-ils, une femme qui porte un voile, ne peut être ouverte aux autres. Une femme à « l’esprit » voilé ne pourrait pas comprendre et, surtout, ne pourrait pas entendre. Et combien même elle parviendrait à capter furtivement les quelques bribes qui atteindraient son cerveau moyenâgeux embrumé, ajoutent-ils, le décodage serait erroné, forcément, puisque l’information serait véhiculée à travers un voile d’intolérance et d’archaïsme. Il faut se l’avouer, ce prix Nobel attribué à une femme arabe voilé n’a pas fini de susciter les interrogations et troubler ceux qui s’autoproclament pourtant les plus démocrates d’entre les démocrates. Combien même cette jeune journaliste militante des droits de la femme a mené depuis le début la révolution pacifique du Yémen, combien même cette jeune femme frêle aux positions bien assumées est en train d’ébranler un vieux Saleh de la manière la plus pacifiste qui soit, brandissant une plume pour toute arme, c’est plus ce qu’elle reflète que ce qu’elle est réellement qui suscite l’angoisse de l’Occident.
18 octobre 2011
Contributions