Il fait partie de cette enfilade de vieux puits devenus aujourd hui des hameaux et que les colons ont plantés entre Oran et Arzew. C’est au milieu de ce couloir champêtre, le long de la côte que vit le paisible village de Hassi Ameur.
Sur les 5 000 âmes qui peuplent le bourg, 90% tirent leur subsistance de l’agriculture, de l élevage et souvent pour boucler les fins de mois de petits commerces.
Il faut bien vivre. Mais qu’est-ce qui pourrait bien attirer un visiteur dans ce trou perdu de la cambrousse sinon une affaire urgente ? À la mairie par exemple, on ne fait pas la queue, dans les cafés les tables sont presque vides et l’unique station de lavage pour véhicules chôme un jour sur deux. Alors quel centre d’intérêt pourrait capter les villageois et les étrangers ? Le bureau de poste, le bureau de poste pardi… Le 22 de chaque mois quand la caisse de retraites régale. Et lorsque ce jour arrive, tous les sexagénaires pointent à la soupe une carte nationale et un chèque à la main. La peur au ventre, la peur de ne rien trouver sur leur compte. Il n’y a pas de bousculade. L’établissement n’a que 5 mètres carrés de surface. Les documents sont confiés à un volontaire qui les étale sur le guichet par ordre d’arrivée. Et comme tout le monde connaît tout le monde, les pensionnaires ne tardent pas à s’agglutiner sur le trottoir par petits groupes, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. L’écrivain public est aussi là. Il sera tout à l heure très sollicite. Certains futés, las de faire le pied de grue, préfèrent siroter quelque chose au café d’en face. L appel des noms commence alors. Je ne peux pas m empêcher de raconter cette scène, elle est savoureuse, digne de Marcel Pagnol. — Si Mohamed annonce l agent payeur, silence dans le foule. — si Mohamed reprend quelqu’ un dans la foule sur un ton légèrement plus fort. —J’arrive répond Mohamed attablé à la terrasse, dans un moment, mettez-la de côté.
Entendez sa pension…
M. M.
16 octobre 2011
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