La sentence est lourde. Elle évacue toute circonstance atténuante : «Messali est un traître», a attesté publiquement il y a quatre jours Saïd Abadou, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM). Un pied-de-nez à Bouteflika qui a œuvré à réhabiliter le père du nationalisme algérien.
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – Même réhabilité par le chef de l’Etat, après avoir été voué aux gémonies depuis les premiers balbutiements de la guerre d’Indépendance, Messali Hadj ne trouve toujours pas grâce aux yeux des moudjahidine. En témoigne cette attestation du patron de l’ONM, en marge de la commémoration du 55e anniversaire de la disparition de Ali Khodja : «Messali est un traître. Les messalistes sont des collaborateurs. Ils ont aidé l’armée coloniale à mater le front de Libération nationale.» Vérité historique incontestable, certifiée, au demeurant, par tous les historiens. Mais de quoi procède-t-il que le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine la réitère en ce moment ? Pourquoi a-t-il éprouvé le besoin d’en faire encore aujourd’hui l’énoncé ? «La guerre de Libération a été conduite uniquement par le FLN et son bras armé l’ALN. Le MNA est un appoint pour la France. Nous, nous ne reconnaissons que le FLN, rien que le FLN», a-t-il encore signifié, comme pour ériger une première barricade devant d’insoupçonnées thèses révisionnistes en germination. Lesquelles thèses pourraient s’inscrire en droite ligne politique de l’effort consenti par le président Bouteflika à redorer le blason terni de celui qui non seulement est resté en dehors de l’insurrection armée mais qui surtout a prêté main-forte à l’ennemi pour casser du maquisard. Le colloque international consacré à Messali Hadj, à Tlemcen, à l’automne 2001, participait de cette tentative de réhabilitation qui n’avait pas été possible sous un autre président que Bouteflika. Il est d’ailleurs à se demander si ce n’est pas l’affinité régionale qui a incité le chef de l’Etat à vouloir procéder au «relooking» d’un homme au long parcours militant mais qui rata gravement de prendre le bon train de l’Histoire. Au moment du colloque, la famille dite révolutionnaire s’était faite silencieuse. Ce qui est loin d’être un signe d’approbation, puisqu’il apparaît aujourd’hui qu’elle n’est pas prête à revoir le ressentiment qu’elle nourrit vis-à-vis de Messali Hadj. Saïd Abadou le dit crûment, quitte à froisser le chef de l’Etat qui ne voudrait certainement pas voir s’éroder à nouveau l’image de celui qu’il a réhabilité.
S.A. I.
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13 octobre 2011
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