Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Vive la République!
Des chiffres encore des chiffres. On y est presque accroc. On vient de nous annoncer que 1.245.870 étudiants ont rejoint les bancs de nos universités dont 237.953 nouveaux. Que nous avons eu «243.400 diplômés, dont 80.000 étudiants relevant du système LMD, à l’exception des spécialités de sciences médicales et vétérinaires» durant l’année qui vient de s’écouler.
Que 601.220 lits attendent nos étudiants dans les 385 résidences universitaires, en retenant que le taux d’occupation des chambres passera à 3 au lieu de 6. Et bien d’autres chiffres qui méritent que l’on s’y intéresse juste pour comprendre vers quelle situation nous allons. Les «quantativores» auront décidément longue vie. On ne nous dit pas par contre où sont partis nos 243.000 diplômés de cette année, tout comme d’ailleurs ceux qui les ont précédés. Comment alors planifier un secteur et continuer à monter des offres de formation s’il n’y a pas de feed-back? Si l’on ne sait pas quels sont les secteurs qui ont absorbé tous les diplômés et qui en redemandent. Certains diront qu’il est indispensable de créer une base de données sur l’employabilité de nos diplômes, juste pour s’assurer que nos universités ont réellement pour mission de produire des cadres pour les besoins du pays. C’est là la base de la programmation des formations. Il ne s’agit plus d’évaluer la progression du LMD par rapport au nombre de domaines ouverts, mais plutôt par rapport à la qualité de l’enseignement qui permettra à un diplômé de trouver un travail plus ou moins rapidement. D’ailleurs, le LMD ne peut être évalué positivement que parce que l’ancien système s’éteint d’année en année et qu’il constitue la seule alternative dans la majorité des disciplines. Ce n’est donc pas une question d’attirance qui expliquerait comme on veut le faire croire la réussite du LMD. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on est arrivé à caser tout le monde d’une manière plus ou moins satisfaisante que l’Université restera calme. Les discours glorificateurs épicés de chiffres ne servent qu’à donner une image de sainteté à une institution qui fait l’unanimité en matière d’échecs dans bien des domaines. Mais pour s’en convaincre, il aurait fallu accepter de démarrer cette fameuse évaluation dont on dit qu’elle pourra apporter une visibilité dans un secteur entouré de flous. Déjà que certaines universités ont fermé les portes avant même de les ouvrir. Des étudiants en grève, des enseignants qui n’ont pas encore démarré leurs cours, des équipements qui préfèrent la chaleur des caisses plutôt que les laboratoires, des promesses non tenues par laxisme. Mais comme on dit «les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes: ils fournissent bien plus un appui qu’un éclairage?» Ils servent ainsi à cuver son…lben.
12 octobre 2011
Contributions