C’est vraiment le monde à l’envers. À l’heure du clientélisme, du libéralisme mental et de la négation de l’autre, et ce n’est pas mon ami Amine Zaoui qui me contredirait, d’aucuns poussent l’outrecuidance jusqu’à considérer que le lourd tribut payé par l’Algérie pour le recouvrement de son indépendance nationale serait un sacrifice inutile. Ni plus ni moins mes amis, surtout que cela a été dit avec des mots de minuit.
Devinez pour le compte de quelle émission ? 52 à la Une, pardi, où toute référence à la main de l’étranger est bannie au moment même où la main de Fatma est toujours invoquée ! De quoi donner le tournis à ma camarade Louisa Hanoun, pour qui les événements de Libye ne constituent qu’un machiavélique subterfuge pour permettre à Tartarin de Tarascon de ce siècle de revenir en Algérie pour y organiser des parties de chasse, comme son prédécesseur socialiste le 5 octobre 1988. En cela, Nicolas Sarkozy n’est pas sans me rappeler le personnage d’Alphonse Daudet. Bien qu’il n’en ait ni la robustesse encore moins la tendance à l’obésité, il repose sa réputation sur des récits plus ou moins inventés. Jusqu’au jour où il décidera, en pleine crise économique française (ce scénario doit certainement vous rappeler bien des choses) de partir à la chasse au lion en… Libye ( ???) où il continue à capitaliser les désillusions. Sauf qu’il est bien loin de Tartarin, accueilli alors en triomphateur, puisque la réponse du peuple français se traduira par une sanction cinglante, la cuisante déroute de la droite aux élections sénatoriales.
Et dire que certains esprits chagrins continuent à soutenir que c’est la main de Fatma qui est à l’origine de ce qui se passe en Libye…en attendant l’Algérie…À l’école du FLN du 1er Novembre 1954 et du nationalisme révolutionnaire tel que porté par Mohamed Boudiaf et le PRS, je ne peux que conseiller à ceux qui hésitent encore la lecture de Sarkozy m’a tuer de Fabrice Lhomme et Gérard Davet.
L’idée maîtresse qui s’en dégage corrobore pleinement mon argumentaire : “Lorsque Sarkozy à quelqu’un dans le nez, il l’élimine.” Le système Sarkozy est très sensible aux rapports de force : on écrase directement le faible, on procède de manière plus fine, voire perverse, avec le fort. Comme le disait si bien dans sa magnifique qassida Ach del aâr aâlikoum ya rdjel meknès, le poète marocain Kaddour Al Alami, lahdid kyès. Ainsi va la vie, me répondriez-vous. Mais alors, que sommes-nous devenus ? Qui est qui ? Si elles ne sont pas, à vrai dire, à trouver du côté des fauteurs de trouble, les réponses sont aisées.
Il suffit pour cela de poser quelques questions au gouvernement pour en avoir le cœur net. Si nous sommes encore loin des bienfaits que seul le retour de la licorne est en mesure de favoriser, il reste que, désormais, les conditions objectives sont suffisamment réunies pour que les grands chantiers soient enfin mis tous sur orbite pour qu’une ultime estocade soit lancée contre le clientélisme, la hogra, la médiocratie, les casseurs de là-bas et d’ici, leurs commanditaires en tête et ceux qui continuent à vouer à la négation et aux gémonies les meilleurs enfants de ce pays. Ces commis de l’idéologie dominante qui refusent jusqu’à tolérer l’existence d’esprits rebelles dont la pratique idéologique et culturelle a de quoi faire reculer toutes les convoitises contraires à l’esprit de Novembre.
Un esprit à chaque fois malmené par le fait du Prince. Sinon comment expliquer qu’un simple chanteur soit élevé au rang de savant par un ministre du culte dans une ville, la capitale des Zianides, où Yaghmoracen et sa descendance, Al-Okbani, Al-Abili, Al-Habbaq, At-Tenessi, Ibn-Khaldoun, Ibn Merzoug, Abou Abdallah, Es-Senouci et bien d’autres doivent certainement se retourner dans leurs tombes. Je ne pense pas que le « savant » en question, plus enclin à capitaliser les registres de commerce qu’à faire de la recherche, puisse être en mesure de nous apporter un éclairage sur cette affirmation de Jalâl ud-Dîn Rûmi : “Dans les cadences de la musique est caché un secret ; si je le révélais, il bouleverserait le monde… »
A. M.
zianide2@gmail.com
8 octobre 2011
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