L’orchestre des ustensiles de cuisine a démarré très tôt dans la cuisine. La veille, sa femme a noté la recette présentée à la télé ; a même essayé de prendre en photo numérique, depuis son poste de TV, le résultat final. Elle a aussitôt déclaré à son mari : c’est ça que tu vas manger demain, inchallah.
Il en a marre de toutes ces nouveautés. De nouveaux goûts à la mode, lui explique son épouse. Lui, il ne comprend rien à cette mode. Il voudrait retrouver les vrais plats d’antan. L’odeur. Le goût vrai des plats de son enfance. Les gâteaux exhibent des couleurs pastel de colorants industriels. L’autre jour, il a même vu chez le pâtissier des gâteaux couleur argent ou or. Avec des paillettes. Il s’est dit que jamais il n’oserait les porter à sa bouche. Il aurait l’impression de manger un bout de la robe de cérémonie de sa femme. Ecœurant. Beurk ! Oine raki ya mma ? Aujourd’hui, grâce à toutes les facilités offertes à nos femmes, celles-ci se paient le luxe de garder des mains fines et gracieuses. Douces. Qui s’en plaindraient? Que nos femmes s’usent moins à la tâche, c’est plutôt une avancée sociale notable. C’est le reste qui préoccupe. En effet, les plats préparés font de plus en plus leur apparition chez nous. Distancés par des fast-foods qui se répandent tels des champignons. On connaît le résultat de toutes ces facilités alimentaires dans d’autres pays. L’obésité. Notre cuisine traditionnelle en fabriquait aussi. Mais elle était plus saine et ne démarrait que plus tard dans la vie. Celle des pays occidentaux touche des enfants dès leur premier âge. Sauve qui peut nos pauvres estomacs qui ne comprennent rien au progrès. Nos porte-monnaie, eux, se retrouvent amaigris par des dépenses poussées par une réclame sans cesse clamant des nouveautés culinaires. Monstres marketings. Reprenons nos valeurs de table-simples et accessibles-celles qui nous donnaient du bonheur et non de la frustration. Ouine raki ya douara, el felfel, el bekbouka, el batata à toutes les sauces ? Dans nos assiettes, un œuf dur mayonnaise chichement décoré pour tromper le palais et s’installer dans le royaume de nos habitudes alimentaires. Soldats, garde-fous heu enzime, garde à vous !
5 octobre 2011
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