Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Guérir les pénuries
Dorénavant il faudra les appeler « distributeurs de médicaments » selon les propos du Ministre de la Santé, mais aussi de la Population, car il s’agit de la nouvelle fonction des pharmaciens. Deux cents parmi ces « distributeurs » vont disparaître par retrait d’agrément. La raison évoquée « ils ne travaillent pas ». Question : s’ils ne travaillaient pas que faisaient-il alors ?
C’est tout de même l’Etat qui autorise cette activité et qui pose les conditions de son exercice. C’est aussi l’Etat à travers ses institutions qui vérifie, contrôle et donc sanctionne les contrevenants aux règles exigées par les agréments. On sait que pour ouvrir une pharmacie il faut être diplômé dans une discipline qui exige de nos jours l’un des bacs les mieux notés. Il faut disposer d’une surface commerciale qui réponde aux normes et obéir au numerus clausus qui est d’une officine pour 5.000 habitants. Il est aisé de constater que cette norme est largement dépassée particulièrement dans les grandes villes au vu et au su des décideurs d’agrément. D’ailleurs comme dans toute discipline le seul diplôme ne suffit pas le relationnel étant la voie la plus indiquée. L’autre raison invoquée par le Ministre c’est «qu’il n y a pas pénurie de médicaments en Algérie. En vérité, c’est une rupture de distribution.» On ne peut mieux faire en langue de bois. Mais alors dirons-nous qui contrôle les gros bonnets du médicament, importateurs sur la facture nationale et bénéficiant de protections solides. Qui ose s’attaquer à cette catégorie «pour les mettre devant leurs responsabilités à propos de la pénurie de certains médicaments qui sont censés être disponibles» selon les propos d’Ould Abbès. La puissance de l’argent additionnée à celle des relations,feront de cette seule mise au point une menace à ne jamais prendre au sérieux. D’ailleurs est-il demandé à un importateur de présenter son diplôme pour être agréé? Il est donc plus facile de s’attaquer aux petits distributeurs, transformer en commerçant sans avoir à développer dans l’arrière-boutique un petit laboratoire pour produire quelques applications courantes pour les petits bobos. Et une fois le compte réglé à ces petits commerçants il faudra se demander pourquoi les hôpitaux manquent cruellement de produits notamment en chirurgie. Ce ne sont tout de même pas les pharmacies du coin qui approvisionnent les centres hospitaliers! Une autre question: pourquoi le secteur de la santé n’a-t-il jamais le Ministre qui va de pair avec les préoccupations de la population?
4 octobre 2011
Contributions