Tous et tout le monde faisaient tout et disaient tout sur les impératifs de changement, et chacun priait les bras tendus vers le ciel affinant le «amiiiiine» bourré d’arrière-pensées.
Mais nul n’était bien dans sa peau et l’emportement excessif de chacun, qui tend à devenir notre caractéristique dominante, est un des symptômes de notre déchirure individuelle et collective.
Il y avait là le commerçant qui croit dur comme fer que commercer c’est surtout transformer sa bonne conscience en attestation de moeurs de bonne honorabilité, à l’afficher sur sa djellaba blanche, pour que les tiroirs-caisses résonnent au rythme des magouilles de l’arrière-boutique où l’on peut vendre n’importe quoi et à n’importe quel prix. Ou acheter n’importe quel contrôleur.
Il y avait ici encore l’écriveur beau parleur qui pense mordicus que la phraséologie est cette langue-épée aiguisée qui planifie les parcours sur les mers pour ouvrir la voie du bonheur et de la satiété grâce à l’insulte tous azimuts. A l’opposition systématique devenue à la mode depuis la fin du soutien critique. Celui-là, il se fait du bouche-à-bouche jusqu’à se noyer dans sa salive. C’est une autre langue de bois taillée, comme des pipes, sur bois d’ébène, «d’ébène-ammi», bien entendu.
Il y avait les faiseurs d’opinion, colporteurs de rumeurs. Les peintres blanchisseurs d’argent.
Il y avait là, enfin, les représentants d’eux-mêmes qui ne savent pas ou feignent de ne pas savoir que la représentativité est la douloureuse charge de servir les autres et que la responsabilité de faire la courte échelle à une population tout entière nécessite la hauteur d’âme des anges et l’humilité des prophètes pour que l’histoire soit reconnaissante des services et des bienfaits rendus. Il y avait consensus.
1 octobre 2011
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