La réglisse de mon enfance est un ouvrage des plus significatifs sur la transplantation d’une jeunesse ballottée entre leur lieu de naissance en France et le sol algérien de leurs ancêtres. Le livre de 220 pages paru aux éditions El Maârifa, est écrit par l’auteure Djamila Lachhab-Labiod.
Dans une analyse profonde personnelle et descriptive de cette destinée où se côtoient deux mondes culturels aux antipodes l’un de l’autre, l’autre a su mettre en exergue la difficulté de vie d’une frange de la société franco-algérienne. Il nous paraît indispensable de dire que ce roman est un cri de détresse féminine mettant en valeur les comportements archaïques de parents voulant imposer le seul mode de vie qu’ils connaissent, applicable aux jeunes filles dès leur puberté. La romancière décrit à merveille son bref séjour à Alger chez sa sœur et le net décalage existant entre le patelin paternel et ses contraintes et la vie d’une jeunesse féminine algéroise au diapason de la modernité sous toutes ses formes. Lina, du haut de ses 17 ans, essayant une intégration du mode de vie algérois se heurte malgré elle à l’impact éducatif parental qui reste un frein moral fortement ancré. De retour au bercail, se livre un combat entre un père sourd aux injonctions de la mère pour que Lina finisse ses études et celui que livre Lina prise dans l’étau d’une anorexie est des plus significatives de son malaise intérieur. L’auteur souligne ainsi l’état d’esprit qui sépare les adultes et les adolescents, cantonnés chacun dans leur position. Sautant d’une extrême à l’autre, Lina se remémore les détails d’un passé parisien dans une France encore puritaine où la pédophilie, la drogue ou la tournante étaient absents. La romancière dans son récit nous plonge dans les difficultés existentielles de nombre d’ouvriers qui avaient à cœur d’aider financièrement notre pays pour retrouver sa liberté. L’exil et son côté positif ou négatif a été le théâtre d’une description journalière qui fait de ce livre un enchantement pour tous ceux qui veulent connaître la vie de nos compatriotes d’outremer de l’époque. L’auteur évoque simultanément la gentillesse des voisines, l’intégration si chère aux Français des Beurs ne connaissant de fait, que le sol français qui veut les intégrer, mais à quoi bon Dieu ? Tout en évoquant son arrivée à Alger en 1962, à l’âge de huit ans, l’auteur a narré les étapes de la vie communautaire en Kabylie sans omettre les sacrifices du père en France envers ses enfants et sa patrie. Le récit est émouvant, écrit dans un style simple à la portée des grands et des écoliers, qui peuvent ainsi mieux apprécier leurs aînés d’ici ou d’ailleurs. Un livre à lire absolument !
Aksouh Fatma-Zohra, auteure
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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/09/29/article.php?sid=123647&cid=16
29 septembre 2011
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