Edition du Jeudi 29 Septembre 2011
Chronique
Après une course de rumeurs, un autre, le bruit devient information. Notre président s’est déplacé pour des soins et se trouve en convalescence. Mais la nouvelle, publiée par des confrères n’est pas officielle.
Mais, vraie ou fausse, elle ne le sera jamais, puisque, pour les voix officielles, la communication sur l’état de santé du chef de l’État n’est pas concevable. Depuis l’intervention qu’il a subie à Paris, en décembre 2005, le sujet est devenu tabou et le silence autour de cela érigé en constante nationale. Même lorsque la rumeur et les interrogations se font pressantes, on a droit à des réponses creuses ou excédées du genre : “le président a le droit de prendre son congé comme tout le monde.” (Belkhadem, alors Chef du gouvernement, après une longue absence d’apparition de Bouteflika en juillet et août 2006).
Mais, ce que la communication institutionnelle semble ignorer, c’est que ce n’est pas toujours la curiosité excessive des Algériens qui impose la question sur la disponibilité du chef de l’État, mais les circonstances politiques nationales et internationales. Le peuple, sinon l’opinion nationale, est en droit de comprendre les raisons de l’impasse du président sur une Assemblée générale des Nations unies où se pose la question de l’État palestinien, par exemple. Le niveau de participation algérienne à cette occasion procède-t-il d’une appréciation politique de l’évènement ou d’un empêchement physique du président ?
Et c’est justement ce genre d’“anomalies” politiques ou protocolaires qui suscitent les interrogations des observateurs et, ensuite, celles de l’opinion commune.
Et comme la nature a horreur du vide, les conjectures éclosent et se répandent. Dont celle suggérant une indisponibilité pour soins ou pour convalescence.
Si la communication, si prompte à produire des démentis, s’acquittait de sa mission d’information républicaine, la santé du président gagnerait à ne pas tomber dans le champ des supputations de pause-café. Inutile de rappeler l’importance de la fonction présidentielle, hypertrophiée par un système qui utilise le crime de lèse-majesté comme une arme de dissuasion contre la contestation et la critique.
Pourtant, l’intérêt populaire pour les capacités du président est un attribut de démocratie : comment peut-on s’autoriser à réclamer des droits à un président à qui l’on ne peut même pas demander comment il va ? Si on suggère l’hypothèse de la nécessaire malveillance dans cette “curiosité”, on rabaisse la relation politique et symbolique entre un peuple et son président à un niveau psychologique. Ce faisant, au lieu d’organiser cette relation, on l’abandonne aux supputations débridées de la rumeur. Le résultat en est l’exact contraire de ce qu’on recherche : on affaiblit la position de l’institution au lieu de la défendre.
Les faits et gestes du président constituent l’ultime message sur les positions et les actions de l’État et sur l’État. C’est à travers eux qu’en dernière instance se perçoit l’état réel de la nation. Nous sommes donc en droit, voire en devoir, de demander à tout moment comment va le président et où est passé le président.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
29 septembre 2011
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