Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Femmes au pays de la Mecque
Un pays où il est reconnu que 50% des diplômés sont des femmes, pouvait-il continuer à admettre qu’un homme de 80 ans épouse une fillette de 12 ans ? Qu’une femme pouvait être punie pour avoir osé conduire une voiture ou se retrouver seule en compagnie d’un étranger à sa famille ? On peut reconnaître à l’actuel roi d’Arabie Saoudite d’avoir interdit le rituel du baisemain dès son intronisation comme
premier acte de gouvernance ; mais beaucoup restait à faire sur le chemin de la modernité pris en otage par un conservatisme suicidaire de la vieille garde. Le roi vient d’accorder enfin aux femmes le droit de vote et d’éligibilité au sein des instances locales et nationales. Sa fille préférée Abdallah bint Abdallah serait à l‘origine de l’influence politique concernant le droit des femmes, bien que les observateurs s’accordent à dire que les occidentaux y sont pour beaucoup. Comment peut-on en effet être aussi riche aussi représentatif des valeurs d’un milliard d’êtres humains, mais aussi primitif dans la marinière de diriger sa propre société ? Polygamie, pédophilie, corruption, ont souvent fait le lit de scandales étouffés par nécessité de préserver une image d’une nation pure, qui reçoit des millions de Musulmans pour l’accomplissement de l’un des piliers les plus attendus de l’Islam. Seulement, les choses ne se passent plus comme par le passé. La nation musulmane et particulièrement, arabe, connaît des turbulences qui remettent en cause la toute puissance de gouvernants qui se sont servis jusque-là de la religion comme d’un paravent, pour perdurer. Finie la belle époque et si le roi Abdallah n’avait pas annoncé à son Madjliss Ech-choura sa décision concernant l’implication des femmes dans la vie politique, on serait presque tentés de croire qu’il n’en n’existait pas au pays de la Mecque. La question qui peut soulever quelques interrogations est bien celle qui nous interpelle sur l’essence de la réduction du rôle de la femme à un objet de plaisir ou dans le meilleur des cas de reproduction. Pourquoi la vertu de l’islam a-t-elle été vue sous ce seul angle et que reste-t-il comme réformes à mener pour changer le regard sur la femme et reconsidérer enfin des croyances déformées d’un Islam qui est tombé entre les mains d’imams incultes au lieu de constituer une ouverture vers le futur en harmonie avec la science dont il a été le premier défenseur. A ce titre, l’Arabie Saoudite n’est pas un cas unique, car en dehors du Liban et de la Tunisie qui ont su adapter leurs Constitutions aux problèmes de l’époque, les autres pays arabes ont connu une régression des plus catastrophiques en la matière. Quand on pense que le droit de vote et de représentativité a fait partie des priorités de l’indépendance en Algérie et qu’aujourd’hui certains courants veulent nous ramener à la djahilya il y a de quoi s’inquiéter et surtout maintenant, de prendre exemple sur l’Arabie Saoudite.
27 septembre 2011
Contributions