Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (88e partie)
Résumé de la 87e partie : Poirot apprend à Hastings que Mrs Cavendish n’avait jamais éprouvé le moindre sentiment pour Bauerstein…
J’en suis tout à fait certain. Et voulez-vous que je vous dise pourquoi ?
— Oui.
— Parce qu’elle en aime un autre, mon ami.
— Oh !
Que voulait-il dire ? Malgré moi, j’éprouvais une douce béatitude. Je ne suis pas très vaniteux en ce qui concerne les femmes, mais je me souviens de certains indices, considérés trop légèrement sur le moment même, mais qui semblaient certainement indiquer…
Mes agréables pensées furent brusquement interrompues par l’entrée de Miss Howard. Elle jeta vivement un coup d’œil autour de la pièce pour s’assurer qu’il ne s’y trouvait personne d’autre, et tendit à Poirot une vieille feuille de papier, en murmurant ces paroles mystérieuses :
— Sur le haut de l’armoire à glace !
Puis elle sortit précipitamment.
Poirot déplia vivement ce papier et poussa une exclamation satisfaite. Il tendit la feuille sur la table.
— Venez ici, Hastings. Dites-moi, cette initiale, est-ce un J ou un L ?
L’attention de Poirot était fixée sur l’adresse. Le haut de l’étiquette portait la raison sociale Parkson and C°, les costumiers bien connus, et était ainsi libellée : J. (?)
Cavendish Esq. Styles Court, Styles Saint-Mary, Essex.
— Ce pourrait être un T ou bien un L, dis-je, après avoir examiné attentivement l’adresse, mais ce n’est certainement pas un J.
— Bon ! dit Poirot en repliant le papier. Je partage votre manière de voir. C’est un L. Soyez-en certain.
— Est-ce important ?
— Je me doutais de l’existence d’un papier de ce genre et avais chargé Miss Howard de le chercher. Vous voyez, elle l’a trouvé.
— Que voulait-elle dire par «sur l’armoire» ?
— Simplement qu’il était sur une armoire à glace.
Drôle d’endroit pour un morceau de papier brun, dis-je.
— Nullement. Le haut d’une armoire est un endroit fort commode pour ranger du papier et des boîtes de carton. Placé avec ordre, cela n’offusque en rien la vue.
— Poirot, lui demandai-je sérieusement, êtes-vous parvenu à une conclusion quelconque au sujet de ce crime ?
— Oui, c’est-à-dire que je crois savoir maintenant comment il fut commis.
— Ah !
— Malheureusement, je n’ai pas de preuves, je n’ai que des suppositions, à moins que…
Avec une énergie soudaine, il me saisit par le bras, m’entraîna dans le hall en appelant en français, tant son excitation était grande :
— Mademoiselle Dorcas ! Mademoiselle Dorcas ! Un moment, s’il vous plaît Dorcas, fort agitée par tout ce bruit, sortit en hâte de l’office.
— Ma bonne Dorcas, j’ai une idée, – une petite idée – si elle était juste, ah! quelle chance magnifique ! (A suivre…)
D’après Agatha Christie
26 septembre 2011
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