Histoires vraies
Résumé de la 1re partie: Les deux hommes qui accompagnent le blessé à l’hôpital, sont surpris d’être interrogés par la police…
Cette fois, les deux braves types comprennent qu’ils se laissent manipuler par le flic qui leur fait dire n’importe quoi. Pour le moment, ils sont en train de charger le père de la victime. Après avoir échangé encore un regard, ils décident d’un accord tacite de se taire. Le commissaire Herbert Bower, sentant qu’il n’en tirera plus rien cette nuit, leur donne rendez-vous le lendemain. Il se détourne pour arrêter froidement dans son élan d’un petit signe autoritaire, un jeune interne en blouse blanche qui sort en trottant de la salle d’opération :
«Qu’est-ce qu’il a ?
— Une balle, répond l’interne essoufflé.
— Je sais, mais quels dégâts ?
— Elle a transpercé la rate, le foie et l’estomac.
— C’est grave ?
— Oui.
— Il s’en sortira ?
— Ce n’est pas sûr.»
Quelques instants plus tard, les portières de la voiture du commissaire Herbert Bower claquent sur la petite place de Lunnebourg, un village de quatre cents âmes du Wurtemberg. Bien qu’il soit dix heures du soir presque toutes les fenêtres sont allumées dans le petit village en révolution.
Un groupe de badauds discute à la porte de l’hôtel de ville. Tous se taisent et s’écartent devant le commissaire. Le bourgmestre essaie d’aplatir ses 120 kilos contre le mur et s’éponge le front dans un immense mouchoir, pour le laisser entrer dans son bureau.
«Si j’avais su que vous viendriez si vite, j’aurais demandé aux ‘’schupos’’ qu’ils vous attendent avant d’emmener le prévenu.
— Le prévenu ?
— Oui, le père de la victime. Ils l’ont arrêté.
Il reconnaît avoir tiré sur son fils.
— Et pourquoi a-t-il tiré ?
— Oh ! c’est un drame affreux qui couvait en silence. Il faut dire que Wilshek vit un peu à l’écart dans le village : c’est un étranger.
— Depuis quand est-il là ?
— Oh !… Je ne m’en souviens plus. Il doit avoir quarante-neuf ans. Il a dû arriver de Yougoslavie il y a trente ans.
— Et comment est-il, cet «étranger» ?
— Très bien, un père de famille : un garçon de vingt-deux ans et une petite fille de douze ans. Il dirige une petite entreprise de peinture. Une bonne affaire qui marche bien. Vous verrez c’est un brave ouvrier plutôt timide.
— Coléreux ?
— Non, pas du tout, plutôt le genre calme et réfléchi.
— Alors que s’est-il passé ?
— Je vous ai dit, c’est la conclusion d’une vieille querelle qui durait depuis deux ans. Je crois que tout a commencé lorsque son fils Georges est revenu de l’armée. Il en voulait à son père de n’avoir rien fait pour lui éviter le service militaire. Lorsque le père l’a pris dans son affaire, Georges s’est mis à critiquer son style de travail. Puis à le traiter de vieil idiot, de ronchonneur. L’année dernière, il a commencé à l’injurier grossièrement et à le menacer. Plusieurs fois on m’a signalé qu’il lui donnait des coups. Ou alors, il lui courait après avec un couteau ou en brandissant une planche. Il y a quelques semaines, il l’a frappé avec une telle violence qu’il a fallu appeler le médecin. Alors dame, ce qui arrive n’a rien de surprenant.
— Et vous n’avez rien pu faire pour empêcher ça ?» (A suivre…)
26 septembre 2011
Histoire