Edition du Dimanche 25 Septembre 2011
L’Algérie profonde
Un indécrottable démago, mon épicier. Il est le premier a défendre les pauvres mais il est aussi le premier a donner un sérieux coup d’accélérateur à ses prix des le début du Ramadhan. Sa solidarité prolétarienne et une assiduité exceptionnelle à la mosquée ne l’ont pas empêché de faire passer ses oeufs de 8 à 11 DA la pièce,
le vinaigre et le café ont suivi le même chemin, comme des voleurs… Il a tellement bricolé ses mercuriales que tout le monde croit que c’est la “houkouma” qui est est la cause. Et à force de tempester contre le diktat des grossistes, la hausse des transports et des impôts, il a fini par convaincre le plus sceptique des clients qu’il n’était pour rien dans la valse des étiquettes. Et pour être sûr de remplir toutes ses poches sans en oublier une seule, pendant ce Ramadhan, il a ouvert des carnets de crédit aux nécessiteux qui ont des fins de mois difficiles en taxant légèrement leurs achats c’est-à-dire en augmentant les articles déjà augmentés par ses soins. Son honnêteté est allée jusqu’à porter sur chaque carnet une ou deux listes de produits imaginaires. En cas de litige ou de contestation, il sortait immédiatement sa calculette grâce à laquelle les 7 fois 3 font souvent 24 et les 8 fois 5 dépassent généralement les 45… Et c’est par cette ultime arnaque, son coup de lapin favori, qu’il fait taire tous les frondeurs du quartier surtout lorsqu’ils ont plus de 70 ans.
M. M.
25 septembre 2011
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