Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Kafa !
Et même si la victoire d’Abou Mazen n’est pas encore assurée, son discours qu’on peut sans peine qualifier d’historique, a eu le mérite de semer le doute quant à l’innocence d’Israël et même de sa raison d’être. En quelques mots, la communauté internationale a été mise devant ses responsabilités et elle a répondu par des ovations répétées en
attendant le verdict du Conseil de sécurité. En parfait historien et juriste de formation, mais surtout en homme politique ayant vécu à l’ombre de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas a su capter l’attention d’une salle des Nations Unies, habituée à une seule version d’une légende obsolète de la «terre promise». Martelant à plusieurs reprises des mots simples et profonds puisés dans la douleur de son peuple et dans sa division imposée, il a fini par déposer la demande d’un droit à l’existence, d’un Etat indépendant. « Kafa », a-t-il martelé ! Cela suffit ! 63 ans après une longue marche des Palestiniens vers un retour à la normale, Israël continue de tuer, d’humilier. 63 ans d’étapes, de guerres, d’exil, de négociations avec un Etat préfabriqué par le mandat britannique sous les yeux en larmes de milliers d’être humains qui subissent un mensonge des plus abominables. Les pressions sur les membres du Conseil de sécurité n’en finissent pas de pleuvoir et les Israéliens annoncent déjà que quelle que soit l’issue, ils ne reconnaîtront pas la souveraineté de l’Etat palestinien forts des doutes émis par le Hamas quant à l’aboutissement de ce processus et du veto américain brandi comme une épée de Damoclès. « Nous sommes décidés à demander l’adhésion à part entière de notre Etat à l’ONU, car nous sommes des demandeurs d’un droit légitime et nous sommes le seul peuple continuant à subir les affres de l’occupation israélienne ». Le seul peuple effectivement à subir les affres d’un apartheid qui risque de continuer d’embraser une région en l’embarquant dans une guerre sans fin. Israël et son existence sont à ce prix. Au prix de l’impunité et du sang. Le prix d’une shoa que payent les peuples arabes pris entre leurs dictatures en voie de disparition et un droit à la liberté. Kafa, puisque les temps ont changé et que les générations post-indépendance n’ont su comment transformer les butins de guerre, en mines d’or inépuisables! Les Palestiniens savent à quoi s’exposer à l’avenir et les dons européens et américains au compte-gouttes se réduiront. Mais n’est-ce pas le moment pour les gouvernants arabes de prendre la relève et fournir à la Palestine de quoi redémarrer l’appareil économique ? Encore faut-il qu’ils cessent de répondre favorablement à «la voix de son maître».
25 septembre 2011
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