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Ecole : programme light pour cervelle light par Mimi Massiva

22 septembre 2011

Contributions

              «S’il y a quelque chose de plus poignant qu’un corps agonisant faute de pain, c’est une âme qui meurt de la faim de lumière.» (Victor Hugo) Depuis des décennies, l’école algérienne ne gravite qu’autour du pouvoir d’achat de l’enseignant et des réformes qui sortent et qui disparaissent à coups de magie du chapeau d’un ministre de l’éducation.



L’éternelle recette : alléger le programme et donner plus de temps libre à l’élève. C’est du déjà-vu déjà utilisé et déjà déçu. L’arabisation de l’école s’était faite avec des enseignants souvent non diplômés et maitrisant mal l’arabe classique. Les difficultés se posèrent plus pour l’enseignant que pour l’élève. On décida d’ajuster le programme aux capacités du premier. Ce coup de scalpel aggrava encore plus la santé du «malade». Pour y remédier on changea carrément de toubib, de l’école Moyenne on passa à l’école Fondamentale. Là, il fallait tout chambouler et tout chamboula. Cette méthode dite fondamentale a été conçue dans les années 60 par l’UNESCO, elle n’a réussi à séduire que quelques pays : Cuba, les pays scandinaves et l’ex RDA. Seule cette dernière a réussi l’expérience grâce à sa puissance industrielle, l’aide soviétique et le niveau d’instruction de son peuple.

Rien à l’horizon

D’après un rapport de l’INRE (institut national de recherche en éducation) et l’UNICEF, de 1963 à 2000, 11 millions d’élèves ont été expulsés de l’école sur les 21 millions inscrits. Nous n’avons à peine qu’un malheureux million de bacheliers. Sur 100 élèves inscrits en première année fondamentale, 2 auront le bac dont l’un est redoublant avec des cours payants à l’appui. Ces deux là feront 10 ans de fac en moyenne alors que la norme internationale est de 5 seulement. D’après les scientifiques 1 bébé sur 50 est doué. Si on se réfère aux résultats, l’école algérienne n’a rien donné à ce petit génie, au contraire, elle a détruit ses capacités naturelles. Quant aux adultes, sur 5,8 millions de fonctionnaires seul 1 /6 sait à peine lire et écrire. (Liberté 7/2/2001) Le rapport souligne les raisons de cet échec de l’école algérienne : une division en trois courants. Le courant panarabe issu du congrès du Caire, le courant religieux avec l’apport massif des coopérants du Moyen-Orient et le courant humaniste qui est resté à l’ombre critiquant de loin. Il est curieux de constater que les conservateurs sont les moudjahidin qui ont lutté aux frontières ou se sont exilés dans des pays arabes pour étudier alors que les francophones bilingues sont ceux qui ont pris le maquis et donc n’ont connu que l’école coloniale ou les universités occidentales. On constate aussi que c’est les francophones qui se sont chargés de la traduction des livres pour préparer l’arabisation. De 2000 à nos jours, est-ce que la sœur Jeanne a vu quelque chose venir à l’horizon ? Niet. Il suffit de lire le récent classement de nos universités pour s’en convaincre. Malgré le chapelet de reformes et l’abandon du fondamental pour le moyen, le recul ne s’essouffle pas. Avant on était classé juste avant l’Arabie Saoudite et le Soudan, maintenant le niveau universitaire de la première a dépassé le notre. On arrive à se demander si nos enfants sont devenus tous des attardés mentaux ou bien y-a-t-il une malédiction qui nous poursuit.

Intégrisme et démocratie

Le sinistre de l’école algérienne, tout le monde en est convaincu de la base de la pyramide au sommet. Dans le discours présidentiel, dans l’octroi de bourses à l’étranger pour les lauréats du bac, dans l’envoi des enfants de la Nomenklatura vers d’autres lieux du savoir, la fuite des cerveaux, l’ampleur du soutien scolaire, la valeur réelle et supposée des diplômes. Malgré tout, l’ «attrait» des politiciens pour cette vulnérable forteresse ne s’est jamais démenti (le FLN et ses constantes nationales, la mainmise sur l’école du FIS dès le début de son avènement, Hitler et sa jeunesse hitlérienne…). Moncef Mazouki écrit : «Les épopées de libération mentales qu’il s’agisse de celles d’Ibn Arabi ou de Hallaj, d’Ibn El Mougafaa, d’Averoes, elle se jouera entre intégrisme et démocratie et nulle part ailleurs.» Une école moderne représente une menace pour toute dictature archaïque. Ben Ali dans son exil doré en Arabie Saoudite doit se mordre la cervelle d’avoir dès 1989 réformé en profondeur son système éducatif qui était cloné au système éducatif algérien. Son ancien ministre de l’éducation Mohamed Cherfi avait affirmé à l’époque : «Avant 1989, c’était l’endoctrinement, soit islamiste, soit arabiste…il faut enseigner la pléiade d’auteurs musulmans réformistes qu’on a bannis exclus tels Taha Hussein, Ahmed Amine, Ibn Khaldoun, cesser de déformer l’histoire…une mise à niveau de l’enseignement n’est possible que s’il y a une volonté politique…»( Ecole à la tunisienne, El Watan) On vous dira que les résultats sont là avec le nombre de médecins d’ingénieurs d’avocats et autres diplômés qui sortent de l’université comme du pain doré du four. «Les écoles permettent à ceux qui ont pris un bon départ de justifier rationnellement leur réussite.» disait le grand philosophe humaniste le Dr Ivan Illich. Prenons juste comme exemple la médecine qui draine vers elle la crème de notre progéniture. Nos toubibs qui s’expatrient recommencent leurs études à zéro ou avec de la chance décroche un boulot d’infirmier. Ils sont bien nombreuses ces blouses blanches rétrogradées. En 2006, selon l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques français) sur 10000 médecins étrangers en France, plus de 7000 sont Algériens dont 2000 dans la région parisienne. Kateb Yacine, Mouloud Faraoun, Assia Djebar, Mohamed Dib, Rachid Mimouni et bien d’autres poids lourds de notre littérature nationale, issus de parents en général analphabètes de condition modeste, nous démontrent qu’un indigène peut réussir haut la main à l’école de l’occupant dont le programme était réputée l’un des plus difficiles au monde. La lumière peut-elle jaillir d’un programme allégé et d’une récréation prolongée ? La logique veut que ces deux là ne cohabitent pas ensemble. Imaginons un chef d’entreprise disant à ses employés : vous aurez moins de boulot et plus de congé. On pensera tout de suite au chômage partiel, à une fermeture à venir, une délocalisation programmée. Mais si le directeur a pris le soin d’acheter un robot sophistiqué pour réduire la pénibilité du boulot afin que ses travailleurs puissent utiliser leur matière grise d’une façon plus rentable, on applaudit avec mille mains. Avec cette reforme de trop, les élèves auront plus de temps pour la rue, pour la télé, pour nous «emmerder» un peu plus qu’avant. Car ils sont nombreux les petites têtes frisées même pour leur maman. «Le temps libre en soi n’est pas une valeur. Son unique valeur est de permettre la production éventuelle de nouvelles valeurs.» (Roger Sue)

L’enseignant, même avec un salaire de député…

Dans l’école d’avant, malgré son zéro temps libre son programme abyssale, l’enfant studieux trouvait toutes les universités du monde à sa disposition. En ce temps là, c’est lui qui était le centre d’intérêt pas la popularité d’un officiel ou le nombre de chiffres d’une paie. On peut offrir le salaire d’un député à l’enseignant au médecin, au mieux on aura un système éducatif, médical, à l’image de l’APN, notre assemblée populaire nationale. Première puissance européenne, l’Allemagne, où les salaires sont figés depuis des années, a un programme scolaire souple et les après-midi libres. Mais le ministre de l’éducation allemand est dépourvu de toutes constantes nationales religieuses politiques, zéro ego à ménager. Un simple directeur, amoureux de Molière, a déclassé la langue germanique au profit de langue française, l’ennemi numéro 1 des deux guerres mondiales. Pendant ses récréations, l’enfant allemand a le choix entre le sport le théâtre la musique la lecture le bricolage… L’élu comme le parent ont veillé à débourser l’argent et l’effort nécessaires pour mettre le plus de chances de son côté. A voir une Angela Merckel, l’avenir de l’élève germanique est bien assuré. Il parait qu’elle conduit elle-même sa voiture s’arrête au stop rentre chez elle pour préparer la soupe et en plus, à son look, on est sûr qu’elle coûte moins cher au budget de son pays que n’importe quelle starlette de notre Unique. Le problème de notre école c’est l’absence de l’enfant. Aucune trace dans le programme dans les directives dans les réformes dans les circulaires dans les grèves dans les classes dans l’architecture dans la dimension de la cour dans la couleur de la blouse du poids du cartable dans les sujets des examens la qualité et contenu des livres. Nulle part on ne recèle un quelconque intérêt pour ce petit «orphelin». Le problème de l’école algérienne c’est qu’elle fonctionne sans l’élève. On gère cette institution d’une façon esclavagiste. Cette violence se traduit par le nombre de terroristes de délinquants de harraga de drogués de prostituées de suicides de névrosés de zombies sans départ d’émigrés sans retour.

élève robot

Dans son livre «L’école algérienne d’Ibn Badis à Pavlov» M. Boudalia Griffou parle de rupture de plusieurs ruptures méthodologiques successives qui ont fait de l’élève un robot doublé d’un handicapé. «Si on définit l’intelligence comme la faculté d’apprendre des choses nouvelles, de trouver des solutions à des problèmes se présentant pour la première fois, qui donc est plus intelligent que l’enfant ? (Michel Tournier). Quelle perte ! De nos jours, on est convaincu que les performances d’une économie sont liées à celles de l’école. L’homme reste au centre de n’importe quelle richesse. Le facteur humain est nécessaire et suffisant. On le voit avec la Chine, la Corée du Sud, le Japon, des pays sans baraka naturelle, en quelques décennies à peine, ils sont arrivés à sortir du gouffre en édifiant des systèmes éducatifs qui forcent l’admiration. Tous les observateurs parlent de notre système éducatif comme un non-système : dépréciation du capital humain qui amène une exclusion sociale de l’école et une sous valorisation de tout diplôme qu’elle délivre. Bachelard a écrit dans son livre La Formation de l’esprit scientifique : «La Société sera faite pour l’Ecole et non pas l’Ecole pour la Société.» Tant que notre école ressemblera à un «camp de concentration», l’enfant rêvera inlassablement de s’en échapper.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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