Edition du Mercredi 21 Septembre 2011
Des gens et des faits
Résumé : Hakima s’habitua vite à son train de vie. Entre ses études et son travail, elle tentait de puiser la volonté et le courage d’aller de l’avant. Durant les vacances d’été, elle accompagna Nawel, et toutes deux étaient parties à la découverte de horizons nouveaux. Hakima est subjuguée par la beauté des sites et des paysages. C’est dans un état euphorique que les deux jeunes filles reprirent leurs études.
33eme partie
NAWEL
Les vacances finies, elles reprirent le chemin de la faculté. Nawel entamait sa première année de médecine et Hakima la communication. Deux passions, deux mondes différents, et pourtant si proches dans l’histoire de l’humanité. C’est grâce à l’information que la médecine a pu défier le temps et remonter jusqu’à ses origines. Et jusqu’à nos jours, seule la communication permet les plus grands progrès dans tous les domaines.
- Comment faisaient donc les gens des siècles passés pour se renseigner ?
La question venait d’être posée par Nawel, et Hakima s’empresse de répondre :
- Il y avait mille et une façons. Les messagers, les parchemins, les pigeons voyageurs…
- Tu veux dire ces oiseaux qui transmettaient les messages d’amour d’une contrée à une autre… ?
Hakima sourit :
- Pas seulement les messages d’amour…(Elle lui jette un oreiller à la tête). Serais-tu amoureuse par hasard ?
Nawel devient sérieuse tout d’un coup :
- Comment l’as-tu deviné ? murmure-t-elle
Hakima s’approche d’elle et lui montre son auriculaire :
- C’est mon petit doigt qui me l’a dit.
- Tu veux me faire croire ça à moi…
Hakima souriait toujours :
- Il n’y a qu’à voir tes yeux brillants ces derniers temps pour le comprendre.
Nawel se lève et s’approche d’une glace :
- Cela se voit autant que ça ?
Hakima hoche la tête d’un air grave :
- Pour quelqu’un d’aussi proche que moi, bien sûr que si.
Nawel se passe une main dans ses cheveux et sourit :
- Tu aurais dû ouvrir un cabinet de voyance dans ce cas…
- Je n’ai pas encore terminé mes études ma chérie… Pourquoi ai-je donc opté pour la communication ?
Nawel éclate de rire :
- Petite coquine….
Elle soupire et lance :
- Tu ne peux pas connaître l’intensité de mon bonheur…
Hakima toussote :
- Ne t’emballe pas trop… Tu es jeune, et tes études doivent passer avant tout. Il y a un temps pour chaque chose dans la vie.
- Je sais…Même mon petit ami comprend très bien cela. Il est formidable. C’est un homme super…
Hakima garde le silence. Nawel venait de boucler ses vingt ans. Un âge ingrat où tout semble sourire. Ne sera-t-elle pas déçue ? Cet homme ne veut-il pas passer uniquement du “bon” temps avec elle, pour ensuite l’engloutir dans le puits de la souffrance et des désillusions ?
Nawel, qui n’y voyait que du feu, continue :
- C’est quelqu’un que j’ai rencontré à l’entrée de la cité l’autre jour lorsque je suis allée acheter du pain… Il était venu récupérer un professeur.
- Que fait-il dans la vie ?
- Médecin… Il est médecin… Et je le serais moi aussi dans quelques années… Ne trouves-tu pas que le hasard fait bien les choses ?
Hakima se dit que mille lumières ne pouvaient rendre la vue à un aveugle. Nawel avait souffert de sa solitude, et à la première occasion, était tombée amoureuse d’un homme qu’elle ne connaissait même pas.
- Il travaille dans un cabinet ou à l’hôpital ?
- Oh ! je n’en sais pas trop. Je n’ai pas cherché à connaître les détails… Mais par contre, il semble tellement amoureux de moi que je ne doute plus de ses intentions.
- Mais tu viens à peine de le connaître.
- Nous avons toute la vie devant nous pour nous connaître…
Elle s’approche de Hakima :
- Tu ne sembles pas trop convaincue…
- Heu… Moi… Non… Non…. Au contraire, je suis heureuse pour toi. Mais… Fais tout de même attention ! Dans ce monde, les gens deviennent de plus en plus insensibles et avares de sentiments.
- Pas Omar… Il est médecin !
- Et alors… C’est un homme non ! Qu’en sais-tu ?
Nawel s’écrie :
- Pourquoi gâches-tu ma joie Hakima ? Pourquoi entraves-tu mon bonheur ?
- Je ne te gâche rien… J’essaye seulement de te mettre en garde contre tous ces vautours qui rôdent autour des filles sans défense. Tu parles de vautours, alors que Omar est un amour !
Hakima se tût. Nawel était piégée dans le cercle de l’amour, si on pouvait appeler cette sensiblerie un amour. Elle ne pourra jamais comprendre la réalité des faits. Hakima se promet de faire une petite enquête sur cet “élu” d’un jour pour se rassurer, et mettre son amie à l’abri d’une déception qui pourrait la détruire. L’image de Houria se dresse devant ses yeux… Houria était perdue à jamais… Depuis qu’elle avait quitté l’orphelinat, Hakima n’avait pas eu de ses nouvelles, mais il y a quelques jours, elle avait appris, par une de ses connaissances, que cette dernière était en prison… Affaire de drogue, ou de proxénétisme ? Elle n’en savait rien. La seule chose qu’elle savait de cette “amie de fortune” était qu’elle avait viré depuis son adolescence, par le bon vouloir de ces salopards, qui exploitent la misère des gens sans défense, à leur propre gré. Houria s’était-elle mariée avec ce “patron” de bar dont elle lui avait parlé, ou bien ce dernier l’avait-il juste embobinée par des projets insensés afin de gagner sa confiance ? Hakima sentit les larmes lui picoter les yeux. Elle ne pouvait laisser Nawel s’engouffrer dans une aventure dans seul le Créateur en connaissait l’issue.
- Tu ne réponds pas Hakima ?
21 septembre 2011
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