D’un côté les pyromanes, ceux qui émargent chez les autres, ceux qui se cachent sous l’habit de la démocratie et du sauveur de la République. De l’autre côté de la barrière, les faux patriotes et les vrais opportunistes, les amis du « debout », les professionnels de la récup
prêts à mettre le feu à tout un peuple pour un chouia de privilège et un pied de fauteuil. Au milieu, terré dans la tranchée, regardant à gauche, à droite, levant la tête en direction du ciel pour une prière vite fait, bien fait, le peuple. Coincé au milieu du guet faute d’un assistanat séculaire, séduit puis répudié par de fausses promesses de lendemains meilleurs, hypnotisé par trente ans de chaîne unique et grugé par un concept saisonnier importé, le peuple, de sa fenêtre, assiste impuissant à une surenchère dont il est l’enjeu. A priori. La supercherie du 17 septembre s’inscrit dans cette logique de bras de fer virtuel à coups de scuds « facebookiste » et de patriotes « smsien ». Appel, contre-appel, feinte de corps et coups francs indirects, le match qui devait avoir lieu ce samedi sur le terrain « Algérie » a été reporté faute de spectateurs. Et il y a eu plus de peur que de mal, comme diraient les puristes de la langue, alors que les tirs de sommation sont restés dans les canons. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour que les folles rumeurs, lancées comme autant de ballons-sondes, ne fassent des dégâts et en absence d’une communication responsable et fiable, il est à craindre des jours difficiles pour un pays au bord du gouffre. Ainsi, une tape dans le dos qui se veut amicale et donnée avec les sentiments les plus nobles peut précipiter tout un pays dans le syndrome libyen. Ces rumeurs, qui ont donné l’armée irakienne comme la quatrième du monde, qui ont massacré les Libyens, qui ont mis à feu et à sang la Syrie, peuvent également faire leur lit en Algérie et entrevoir une petite porte pour une invasion en bonne et due forme sous couvert de démocratisation forcée. Ce samedi n’est pas à prendre à la légère car d’autres samedis sont à craindre lorsque les calculateurs des deux bords arriveront à se mettre d’accord sur le dos de ce bon peuple, naïf et grossier. Quand les intérêts se rejoignent, l’Algérie des pauvres ne pèsera pas lourd dans la balance des primes post-révolutionnaires et dans l’argumentaire des pro-BHL. L’Algérie d’en bas aspire à un changement mais pour un mieux, entre elle et ses enfants mais en absence d’alternatives, autres que les niaiseries lues sur Facebook, il serait grandement temps de se cloisonner derrière ses certitudes, fermer portes et fenêtres aux visages avenants de Sarko et Obama, chasser les nouveaux harkis et les patriotes fantoches et enfin demander des comptes à ceux qui nous ont conduit à ce huis clos. Remettre au goût du jour le seul slogan qui a fait trembler les piliers du système, «d’où tu tiens cela ?». Un point d’interrogation qui ferait fuir, comme les rats d’un bateau, les parvenus, les riches par effraction et les fortunes mal acquises, qui n’auront comme réponse que d’ouvrir la porte de derrière et laisser entrer la vermine.
19 septembre 2011
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