Suspense
Résumé de la 86e partie : Poirot est surpris quand Hastings lui apprend l’arrestation de Bauerstein…
Il n’y en a aucun, naturellement, répondit Poirot avec un sourire. Mais nous parlons, me semble-t-il, de l’arrestation du docteur Bauerstein.
— Eh bien, il a été arrêté pour l’assassinat de Mrs Inglethorp ?
— Comment ? s’écria Poirot, stupéfait. Le docteur Bauerstein est arrêté pour l’assassinat de Mrs Inglethorp ?
— Oui.
— Impossible ! Ce serait une trop bonne farce. Qui vous a dit cela, mon
ami ?
— Eh bien, on ne me l’a pas dit, avouai-je. Mais il est arrêté.
— Oh ! oui, ça c’est très possible. Mais pour espionnage, mon ami.
— Pour espionnage ?
— Précisément.
— Et pas pour avoir empoisonné Mrs Inglethorp ?
— Pas, à moins que notre ami Japp ait perdu la tête, répliqua Poirot placidement.
— Mais… mais… je m’imaginais que vous partagiez cet avis.
Poirot me jeta un regard où je devinai quelque pitié devant l’absurdité d’une pareille idée.
— Voulez-vous dire que le docteur Bauerstein est un espion ? demandai-je, m’adaptant lentement à cette idée nouvelle.
Poirot acquiesça.
— Ne l’aviez-vous jamais soupçonné ?
— Jamais cela !
— Vous ne trouviez pas bizarre qu’un célèbre médecin londonien vienne s’enterrer dans un petit village comme celui-ci, et ait l’habitude de se promener tout habillé à toutes les heures de la nuit ?
— Non, avouai-je, je n’y avais jamais songé.
— Bien entendu, il est Allemand de naissance, continua Poirot, et il a exercé depuis si longtemps dans ce pays qu’on a fini par le considérer comme Anglais. Il s’est fait naturaliser voici une quinzaine d’années. C’est un homme très intelligent.
— La canaille ! m’écriai-je violemment.
— Non point. C’est au contraire un patriote. Songez à tout ce qu’il va perdre. Personnellement, je l’admire.
Mais je ne pouvais considérer l’affaire avec la même philosophie que Poirot.
— Et c’est là l’homme avec qui Mrs Cavendish s’est promenée dans tout le
pays ! m’écriai-je avec indignation.
— Oui ! Je m’imagine qu’il a trouvé là un intérêt, remarqua Poirot. Tant que les commérages s’occupaient de ces promenades, les autres petites excentricités du docteur passaient inaperçues !
— Alors, vous croyez qu’il ne l’a jamais vraiment aimée ? demandai-je vivement, un peu trop vivement, peut-être, étant donné les circonstances.
— Ça, je ne saurais l’affirmer. Mais voulez-vous que je vous dise mon opinion personnelle, Hastings ? Eh bien, la voici : Mrs Cavendish n’a jamais éprouvé le moindre sentiment pour le docteur Bauerstein.
— Vous le croyez vraiment ?
Il me fut difficile de déguiser ma satisfaction. ( A suivre…)
D’après Agatha Christie
19 septembre 2011
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