Edition du Lundi 19 Septembre 2011
Culture
Le premier texte de la collection Apic Noir, initié par les éditions Apic, est sorti en juillet dernier. L’étrangleur d’Alger d’Azdine (pseudonyme d’Aomar Derradji) est en effet le premier roman noir de cette collection que “nous avons précisément lancée en été, nous explique
l’éditrice Samia Zennadi, parce que évidemment nombreux sont ceux qui préfèrent pour l’été ‘un bon polar sinon rien’”.
Le roman d’Azdine qui tient en haleine rassemble tous les ingrédients d’un bon polar : Un enquêteur attachant et mélancolique, un meurtre pour lancer la machine, poussant notre sympathique commissaire Ben à chercher un mobile. Puis, un deuxième meurtre pour que le personnage puisse étaler son savoir et faire jouer ses relations, en cherchant un lien.
Au bout du troisième meurtre, l’enquêteur conclut que ces crimes à la chaîne sont l’œuvre d’un tueur en série. Commence alors une course frénétique contre la montre et naît une relation bizarre entre le détective et sa proie. Si le commissaire Ben ne se met pas dans la tête du tueur en série qu’on surnomme l’étrangleur d’Alger, il essaie de décortiquer les messages qu’il lui laisse à chaque meurtre. Tout commence par le meurtre d’une fille dans l’enceinte de l’université de Tizi Ouzou.
La jeune fille aurait été vue avec un homme d’un certain âge dans la cafétéria de la faculté, et puis plus rien. Elle est retrouvée morte avec une corde autour du cou, mais elle n’a pas été assassinée par strangulation mais par empoisonnement. Et ce sera ainsi pour toutes les autres jeunes filles, qui seront tuées par M. B. qui signe “El-Meskine”. Secondé par son adjoint Hmimed – qu’il malmène mais qu’il adore –, bousculé par son chef Deb (le narrateur/personnage nous fait une description largement fantaisiste du chef de la police), et soutenu par sa petite amie Nedjma, le commissaire Mehdi Ben suit les pas du criminel afin de délier le nœud et résoudre l’affaire. Le commissaire comprendra qu’El-Meskine n’a rien d’un psychopathe car ses meurtres s’apparentent à une vengeance, puisque ce sont les filles d’une classe du lycée El-Mokrani qui sont ciblées. En plus d’un suspense haletant et d’une tension rythmique, parfois entrecoupée par de nostalgiques (et parfois superflues) réflexions sur l’Algérie et surtout l’Alger d’antan, l’auteur dessine les contours d’un personnage tout à fait crédible et qui porte en lui toutes les contradictions de la société, ce qui rend l’expression des états d’âmes, étalées tout au long du roman, répétitives. Mélancolique, nostalgique, obstiné, acharné, droit et propret voire même raffiné et qui aime passionnément les femmes, sont les quelques traits saillants de la personnalité de notre cher commissaire. L’Etrangleur d’Alger, écrit dans un style proche de celui du genre du polar – proche parce qu’il y a sa relation avec Nedjma et ses déambulations nostalgiques écrites dans un style différent qui donne d’autres accents au roman –, est un roman noir réussi où tous les éléments se trouvent rassemblés.
L’étrangleur d’Alger, d’Azdine, roman, 184 pages, éditions Apic, 500DA.
18 septembre 2011
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