Tous les partis politiques, les associations et les jeunes des quartiers d’Alger ont appelé à «ignorer royalement» l’appel lancé par les initiateurs du Mouvement du 17, «incapables de mettre un visage et une voix sur leurs revendications». Aussi bien chez le MSP, Al-Islah, En-Nahda, le MPC du duo Menasra-Mansour Abdelaziz, les associations, et les jeunes des quartiers populaires d’Alger, généralement meneurs des mouvements de contestation dans la capitale,
le temps est à la mesure. Même dans les quartiers algérois réputés proches des islamistes, comme Baraki, les Eucalyptus, Cherarba, La Glacière, Badjarah, Oued Ouchaih, etc. le ton était au calme et à la sérénité. Ni panique, ni crainte, mais une vague appréhension, et par conséquent, juste une envie de voir «de près» ceux-là qui poussent à la révolte sans «être vus». Alger, hier, vendredi, vaquait à ses occupations quotidiennes. Un dispositif de sécurité discret. Pas de «tape à l’oeil» policier, ni de signes apparents de renforcement des barrages fixes. Les axes routiers fonctionnaient comme de coutume, et les centres urbains donnaient une image tout aussi coutumière. Les gens sont déconnectés de ce mouvement du 17 septembre, certains n’en ont même pas entendu parler. Les discussions portent plus sur la rentrée scolaire, le coût des livres, l’allègement des charges horaires pour les élèves du primaire. Des jeunes d’Hussein-Dey, Belcourt, Bab el-Oued et Kouba nous ont affirmé, hier, que le mouvement du 17 septembre ne sera pas suivi, « ne faisant pas confiance à ces étranges anonymes », et précisant qu’ils pareront à toute éventualité, si certaines parties hors d’Alger venaient faire du grabuge ou casser dans la capitale ». Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit aussi de monter des «comités de vigilance », afin de ne pas tomber dans de mauvaises surprises, «et de faire en sorte que la capitale soit préservée par tous les moyens des gens malveillants et malintentionnés, si la situation l’exigeait». Malgré cet apparent «désintéressement», Alger y pense, et semble avoir repéré ses «ennemis». Dans les milieux lettrés et avisés, on parle de la France, d’Al-Jazeera, de Tel- Aviv, du Qatar, pointés comme autant d’ennemis « visibles », agissant de l’extérieur. On parle d’un Bernard-Henry Levy qui fait la courroie de transmission entre Paris,Tripoli et Tel-Aviv. On parle aussi des parties de l’intérieur du pays, on cite aussi des journaux, deux ou trois partis, «mais ceux-là ne représentent rien», affirment-ils, en guise de ponctuation, «tout juste capables de remplir une salle d’attente dans un cabinet dentaire», précisent- ils avec une ironie manifeste. Les autorités, elles, n’ironisent pas, et prennent au sérieux la moindre menace qui pourrait peser sur les personnes et les biens. Le ministre algérien de l’Intérieur, Daho Ould Kablia a indiqué que des parties étrangères sont impliquées dans l’organisation de troubles en Algérie pour le 17 septembre. « L’enquête menée par les services de sécurité montre que cet appel malveillant a été lancé depuis l’étranger pour déstabiliser le pays », a-t-il dit, précisant que les autorités ont conclu que ces appels à la révolution n’auraient aucun impact sur les Algériens. « Au contraire, beaucoup de gens, surtout des jeunes, en profitent pour lancer des idées et lutter avec sagesse contre la mobilisation visant à déstabiliser le pays ». Le ministre a même indiqué que « le Mouvement du 17 septembre est un plan sioniste pour déstabiliser l’Algérie. Si les organisateurs étaient algériens, nous les aurions démasqués, mais tout dans ce scénario confirme que ce sont des parties étrangères qui en sont les investigatrices en lien direct avec l’entité sioniste. » |
17 septembre 2011
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