Culture :
Depuis les insensés attentats-suicides contre les tours jumelles du World Trade Center de New York, le mot «kamikaze» est sur toutes les lèvres. Mais à l’origine, ce mot avait un tout autre sens. Le mot japonais «kamikaze» provient d’un événement historique : l’invasion mongole de 1274.
Cette année-là, la flotte de Kubilaï Khan aborda la baie de Hakata et attaqua les Japonais. Mais une tempête se leva et coula une grande partie de la flotte des envahisseurs, ce qui les obligea à battre en retraite (comme la flotte de Charles Quint dans la baie d’Alger). Les Japonais remercièrent cette intervention de la Providence et appelèrent ce typhon «Vent divin» ou «Kamikaze», qui est la contraction de «kami» qui veut dire «Dieu» et de «kazé» (vent). Même si le mot kamikaze vient bien du japonais, il provient d’une interprétation erronée de la part des traducteurs américains. En effet, les termes désignant les unités chargées des attaques-suicides en 1944-45 sont appelées «tokubetsu kÿgeki tai», littéralement «unités d’attaques spéciales», expression couramment abrégée en «tokkÿtai». Leur nom officiel au sein de la Marine impériale japonaise était «shinp tokubetsu kÿgeki tai», c’est-à-dire «unités d’attaques spéciales shinp (vent divin)». Le terme de kamikaze se généralisa dans le monde entier, au point d’être réimporté au Japon où il est devenu courant d’entendre parler de «kamikaze tokubetsu kÿgeki tai». A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les kamikazes étaient des militaires d’une armée régulière en guerre. Ils ne s’attaquaient qu’à des objectifs militaires. Les navires de guerre de l’US Navy, d’ailleurs, étaient si puissamment armés que la plupart des pilotes kamikazes étaient abattus avant même d’avoir atteint leurs cibles. De même, presque tous les sous-mariniers kamikazes ont coulé avec leur sous-marin avant d’avoir pu tirer leurs torpilles. Enfin, il n’était pas facile de localiser, trouver et surtout d’atteindre un navire ou un porte-avions toujours en mouvement dans un immense océan. Ceci sans parler des conditions météorologiques et du rayon d’action limité de l’avion. Comment un «vent divin» est-il devenu une «opération militaire» puis «un attentat-suicide» ?
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/09/14/article.php?sid=122875&cid=16
14 septembre 2011
Contributions