Si j’étais ana le raïs de ce bled, je me comporterais en dictateur. Attention, par dictateur, il ne faut pas penser tueur ou… Il n’y aura ni asile, ni geôle, ni rien de tout cela. La dictature à moi est plus douce, humaine. J’entretiendrais fi bladi un vivier d’illettrés en réduisant à minima le degré d’éducation scolaire (pour l’instant, il n’y a pas besoin de dictature, puisque les enseignants avec leur grève se chargent de cette mission. Les parents d’élèves les remercient pour leur persévérance).
Sous mon règne, il y aura de l’électricité à gogo, des prises partout. Il sera fait de sorte à ce que le poste téléviseur soit à la portée de toutes les bourses. Il sera même subventionné par ma houkouma, comme produit de première nécessité (pour mon règne, bien entendu). Hakda, ils la regarderont tous les jours, koul youm, dès leur plus jeune âge.
Dans cette télévision, je mettrais de faux dieux à adorer et un joli programme paissant au pied d’un arbre squelettique qui cacherait des forêts entières de connaissance. Afin qu’au bout d’un temps, l’ignorance et la bêtise deviennent les attributs majeurs de mon peuple moutonnier. A ces kabache, je leur donnerais aussi un téléphone portable gratuitement, pour qu’ils ne se sentent pas seuls et se rassurent les uns les autres en parlant avec les quelques kalimette apprises à l’école buissonnière des stars qu’ils auraient vues briller à la télévision. Ils auront toutes la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence du film, la pub, la météo, le tirage du Loto, les documentaires animaliers, les émissions de divertissement, sans parler du sport, du sport et des sportifs, leur vie, leur fortune… l’identification obligatoire à eux, les dieux du stade, les archétypes d’un esprit sain dans un corps sain.
Avez-vous déjà fait attention au nombre impressionnant d’antennes paraboliques qui trônent sur la tête de notre pays, comme des oreilles tout ouïe, oui, oui, des oreilles bonnes à tirer? En attendant la télévision privée
14 septembre 2011
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