L’accueil des Kadhafi sur le sol algérien est un acte de haute définition. Par cet acte, l’Algérie renoue avec son histoire. Celle d’avoir été un temps «la Mecque des révolutionnaires». Une machine diplomatique crainte et respectée. Une terre d’asile et une icône incontournable dans les coulisses internationales.
Mais bien avant ce geste humanitaire tendant à offrir l’hospitalité non seulement à la progéniture de guide libyen mais pourquoi pas aussi à sa personne ; le pays était si comme il n’existait pas. Il vivait un repli sur soi, une sorte de léthargie externe tant que le souci national n’arrivait plus à se dissiper. Il se bouffait, se consumait à petit feu. Certes affaibli par une double décennie noire, des effets néfastes d’une crise financière, une tension sociale aiguë et chronique, une démocratie mal enclenchée ; l’isolement international le confinait dans une nation en permanente quête de quiétude et de stabilité.
La déclaration de l’Algérie, enfin ferme et claire d’avoir accueilli la famille de Kadhafi est venue comme première position politique face à la situation libyenne. D’emblée laissant derrière tout euphémisme prônant mal l’apogée des «révolutionnaires», cette déclaration au moins a eu le courage diplomatique de se dire. Ceci est venu après moult tergiversations sur le soutien ou non au maitre de tripoli, ou à la reconnaissance ou non de ce fantoche CNT. Encore que la présence d’un Medelci las et embrouillé à Paris le 1 septembre n’était pas aussi «ambigüe» que ne l’est le manque d’aveu d’un Juppé sur les 33/ des réserves pétrolières libyennes promis silencieusement par un CNT en payement à son indéfectible soutien aux «révolutionnaires». Quelle que soit l’issue de la révolution qui se fait, les us et les protocoles ont encore le temps nécessaire de murir. Si ce CNT dans l’euphorie de l’embrasement provoqué par Eljazira ait pu engendrer à son profit des positionnements rapides de par, un peu partout, la reconnaissance ne serait qu’une réponse aussi urgente à une pression exercée tant par l’extérieur, que par des forces locales. Les pays reconnaissant cet assemblage de tout bord d’ex-complices et de co-auteurs des tares à reprocher éventuellement à Kadhafi, n’ont de cure qu’un souci ; se prémunir de la colère de leurs citoyens, notamment dans les pays arabes. Pour ceux de l’occident, ils ont été, sans trop s’en cacher les pourvoyeurs, sinon les géniteurs de ces «révolutionnaires». Croyez-vous, que ces derniers cultivent pour nos peuples, le désir ardent de pouvoir accéder à la promotion des droits, et des droits de l’homme surtout ? Que sont devenus l’Irak et l’Afghanistan ? Ou seulement sont-ils, ces pays souteneurs de révolutions populaires sans trop cette fois-ci le dire, intéressés tacitement par les richesses et les marchés juteux qu’engrangent ces espaces ? En l’état, si l’Algérie s’est décidée d’ouvrir ses frontières à une famille pourchassée, c’est qu’elle doit avoir mille raisons de le faire. Au moment où les fermaient aux potentats du régime. Deux ex-ministres et le directeur général de la radio de la jamahiria ont été refoulés de Debdeb. Ceci n’aurait en rien à enlever, toutefois que le guide de la révolution doit payer, au moins rendre des comptes à son peuple et non pas à autrui. Là, il s’agirait bien d’une affaire intérieure. Libyo-libyenne.
La révolution version Eljazira end El arabiya, a eu lieu finalement en Libye. A vrai dire, le peuple libyen dans sa profonde essence n’a pas été de paire avec cette révolution imposée par un bombardement offensif destructeur perpétré par l’OTAN 20 652 sorties aériennes par cette armada volante ont ensemencé l’espace libyen. 7 635 bombardements ont ciblé des endroits jugés kadhafistes, tout en oubliant qu’il s’agissait là de biens matériels appartenant au peuple. Quel est l’impact de titrer sur un avion au sol ? Et puis en vertu de la décision 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, l’intervention outre-Atlantique devait être destinée pour respecter la zone d’exclusion aérienne décrétée par l’instance onusienne et non frapper l’infrastructure de base du peuple libyen. Kadhafi est en phase de mener son dernier combat. L’ultime, qui lui reste de ce reliquat de 1969. Le monde a changé. Les révolutions aussi. Son discours menaçant et belliqueux, laisse apparaître la fougue inébranlable d’un combattant convaincu par ses dogmes et préceptes. Il s’est dit «fusil à la main, je mourrai en héros».
Mais des infos subtiles, non corroborés tentent de faire admettre que l’Algérie ait pu, après l’avoir soutenu contre ses contre-révolutionnaires, lui offrir l’hospitalité de ses terres. Un moment. Et puis après ? Cet homme est traqué de partout. La chasse de sa tête mise à pied à la Hollywood démontre bien un scenarii américain. Mort ou vif pour une poignée de dollars, n’est pas l’apanage d’un islam, ni d’une tradition arabo-musulmane. La traque de l’homme à abattre, devient un syndrome identique à celui d’Oussama Ben laden. Alors, sans que l’on nous oppose une quelconque contradiction dans nos propos, le chroniqueur dans sa dernière contribution a marqué en souligné le caractère autocratique de Kadhafi, sans pour autant appeler à sa mort ou son lynchage. Il mérite ; croit-il pour lui en tous cas, un procès à lui intenter uniquement par son peuple, ce peuple qui l’a adopté pourtant quarante ans durant. Donc l’Algérie se trouve en toute légitimité avec ses valeurs en bonne symbiose pour prouver son sentiment hospitalier à l’égard d’un dirigeant recherché et menacé de mort, et hier grandement courtisé et adulé.
Alors pour quelle raison ce CNT crie-t-il sur les ondes d’Eljazira américanisée, que l’accueil par l’Algérie de la famille du leader est un acte d’adversité ? Mais l’épouse et les enfants qu’ont-ils fait pour qu’ils doivent subir la revanche hargneuse d’un panel de délateurs et de félons ? L’Arabie saoudite est-elle pour autant en exercice d’acte d’adversité avec le peuple tunisien pour avoir abriter Benali et sa famille ou le président yéménite et ses collaborateurs ? Tel qu’il a été insinué par un Ouyahia réanimé. Et ses pays nordiques, laïques et démocrates, pourquoi un certain temps abritaient-ils sous leur haute protection des leaders extrémistes, vantant à haute voix l’apologie du crime et de l’attentat ? En quels termes de droits de l’homme arguaient-ils ; la couvaison chez eux des chefs terroristes, à Londres, Paris, New York ? Hier et à ce jour encore.
Il est tout à fait vrai que le fantasme crée le personnage. Kadhafi avec ses frasques n’est plus maintenant un guide d’une révolution écrasée carrément par une autre de moindre intensité, sans philosophie, ni idiologie. Il serait en partance pour le Burkina Fasso, via le Niger. Il vogue encore dans un univers crée par ses propres fantaisies. Il n’arrivait pas à comprendre ce qui se passe dans la cavité de son peuple. Il semble que la surdité l’ait atteint à tel point qu’elle cause en son livre vert des blogs noirs indéchiffrables par les clefs dont il est le seul à en avoir possession. Le système de lecture lui refuse l’accès. Sa révolution, pour ce peuple est une partie ternie de l’histoire post-69. Les raisons génésiaques à son soulèvement se sont toutes estompées. Le roi Idriss est parti. Il est vite remplacé par un autre s’appelant autrement. Son Etat n’est pas une constitution. Son parlement n’avait pas de partis. L’expression populaire, à son sens ne se débitait qu’à travers la voix du maitre. Du guide. La sienne. Une tentative à la Ayatollah. Agissant sous la pression de livres jaunis d’histoires légendaires, le guide voulait défier l’ultériorité. Il voulait forcer le sort à lui réserver contre vents et marées une issue des plus mythologiques. Kadhafi comptait devenir une marque de révolution. Il ne voulait donc pas qu’elle soit déposée. L’exclusivité. Il a fait de cette pauvre contrée une hérésie, une blague à dimension étatique. Kadhafi ne rougit pas. Il a une tête osée. Son bégaiement laissait transvaser un récit vers un délire personnel pris pour un régime politique. Il le faisait croire, à coup de barils, à tous les courbeurs d’échine. Contre un baril de plus, il obtient une motion de soutien. S’il avait vécu à cette tempête d’un printemps arabe étourdi sur les bords, il aurait certainement assuré à son fils l’héritage de sa révolution. Seif el islam serait donc un autre guide, avec sa théorie d’une Libye nouvelle. Durant 42 ans, le père fut courtisé par ceux là même qui sont, maintenant derrière sa recherche, sa répudiation et son apostasie. En premier chef, ce président du CNT.
Ce personnage Abdeljallil Moustafa, sinistre et sinueux voyez-vous en lui un président digne ou à la hauteur de cette fonction ? Rangé droitement sur l’OTAN, la France, Qatar et autres obédiences occidentales l’homme endormi et emburnoussé, manie maladroitement cravate et chéchia, l’on dirait un taleb de zaouïa, longtemps perverti et subitement reconverti dans la vertu de la révolution, alors qu’il applaudissait à une autre, celle de Kadhafi il y a même pas six mois. Il était son ministre de la justice durant quatre longues années. A ce titre n’a-t-il pas eu à rendre au lieu d’une justice, beaucoup d’injustice quand il faisait des paragraphes du livre vert ses seules dispositions judiciaires ? Il serait de 1999 date de rétention à 2007 celle de leur libération, le maitre-judicaire de l’affaire des infirmières bulgares condamnées à mort. Intronisé par une «masse» qui donne beaucoup plus l’apparence d’une horde de bandits, de dévoyés, de mercenaires, de sans idéologie sauf celle du khalifat et du moyen âge, il croit que construire un pays est d’abord sa destruction. L’Aqmi et consort lui tiennent lieu d’état-major général. Il ne pourra échapper longtemps de son histoire en nette connivence avec celle rattachée à son ex-guide. Il aura à payer, lui aussi un jour son dû. Cette révolution, hélas vient de donner le plus mauvais exemple de la prise de pouvoir. Le peuple libyen dans son ensemble est resté otage entre les serres d’un système dur et redondant et une faction régionaliste et hétérogène. L’avenir parait fort incertain, mais se fera avec certitude le long d’un chemin qui s’annonce cahoteux et encore plus meurtrier.* La frange la plus terrible n’est pas à écarter de la prise du pouvoir à tripoli.
L’Algérie avait donc toute raison de craindre un CNT investi de tout bord par des rebelles à la nature et aux lois humaines. Ainsi les intérêts rendent amis et alliés les pires ennemis. El qaida, ses chefs sont en symbiose par l’occident, mais uniquement en territoire libyen. Une fois la situation décantée un peu soit-il, la donne se renversera. Elle, l’Algérie devait maintenant surveiller ses flancs comme on surveille le lait sur un feu .en permanence. Toutes ses frontières connaissent des dissensions. Ce qui la pousse à plus de vigilance. A plus de caractère.
Ce que l’on qualifie de «révolutionnaires» ont certes gagné la guerre contre leur guide, mais ont perdu toute crédibilité sur le plan humain et historique. Enfin la révolution, la leur n’est qu’ne fabrication de l’OTAN. Quand on voit fièrement arborés l’effigie de Sarkozy et l’emblème tricolore à Benghazi, l’on sent dans l’immédiat de quoi cela se retourne. Ses «révolutionnaires», hirsutes, ébouriffées, bariolés ne donnent pas l’impression d’une quelconque organisation militante. Se contentant qui à la Che, qui à la Rambo, qui à la Zerkaoui, à tirer en l’air des milliers de rafales devant les cameras des TV étrangères, en croyant avoir réalisé un miracle redresseur ou un acte de salut national. Ces hommes, au visage multiples, képi, casquette à la nike, cigare, barbiche, barbichette ne sont pas beaux ç regarder encore loin de vouloir leur confier l’avenir de tout un pays.ils jubilent sous l’effet certainement d’une liqueur ou d’une autre. Ce sont en fait les services secrets français et britanniques qui ont investi en premier la forteresse d’El Azzizia, pour qu’ensuite laisser ces «acteurs» faire leur jouissance sur l’opulence abandonnée des dictateurs déchus. L’histoire dévoilera tout. Déjà les prémices de ces secrets commencent à voir le jour. L’on sait l’implication profonde de ces services avec Kadhafi dans la répression de son opposition. Dommage d’ailleurs pour l’accomplissement de ce printemps arabe. Tout y était parfait si ce n’est la contrefaçon incrustée dans l’ovule de la révolution libyenne. Bref. Si la postérité de la lutte des peuples contre toute forme d’oppression ; l’on ne pourra dire d’eux qu’ils ont fait une révolution populaire, car il n’est plus question de peuple mais de castes militaires et de hordes armées et agressives.
Sinon comment expliquer la disparité qui divisait les citoyens ou les citadins d’une ville par rapport à une autre ? Une révolution populaire doit être démilitarisée, sauf contre un ennemi étranger et armé. Elle devait de nos temps ressembler à celle de la Tunisie, de l’Egypte, du Yémen ou de la Syrie ? Ces peuples n’ont à aucun moment sorti le moindre coutelas ou objet tranchant. Juste des manifestations interminables, des vendredis pleins et complets, des slogans et beaucoup de foi et de croyance. Encore que ces derniers temps les armes commencent à se mettre dans les mains de simples citoyens. Tout le corps social était acquis au mouvement populaire qui amorçait sans l’aide de quiconque son assaut final pour le succès d’une véritable révolution. Les citoyens de toutes les villes se trouvaient sur le même diapason : «le peuple veut le destitution du régime». Aucun patelin, ni bourg n’était épargné par la fièvre de l’insurrection totale et généralisée. Alors que «Les révolutionnaires libyens» qualifiés à bon propos par M. Gigelli comme «des milices rebelles manipulées, armées et aidées matériellement, et logistiquement par l’OTAN»** ont vite fait sortir l’instinct grégaire et tribal prouvant leur immaturité à l’accession d’une civilisation qui a aboli depuis belle lurette la force clanale et forgé l’idée que le monde ne peut se gérer que par une démocratie effective respectant la force du droit et non celle de la qabila. Sinon, comment justifier que depuis le 17 février, soit sept mois, il reste encore et encore des poches de résistance et des clans loyalistes ? Sebha, Syrte ? Sans l’OTAN, son armada, la diplomatie occidentale, et notamment Aljazira ; le régime vert aurait eu encore de beaux jours devant lui.
Comme dans chaque corps arabe, repose l’âme d’un prince ; le dirigeant arabe s’attèle toujours sans parvenir à vouloir par mystification, duperie ou parodie ; à égaler qui le tonnage emphatique de Bourguiba, qui l’auréole historique de Gamal Abdenasser, qui l’apogée épique d’Omar El mokhtar, qui le charisme nationaliste de Boumediene. Même l’héroïsme d’antan n’est plus de mise. Le temps des Patrice Lumumba, Ernesto Che Guevara, Nelson Mandela, Omar El Mokhtar et autres ; est une page, certes merveilleusement héroïque, mais tournée. Pour tous et à jamais. Regardez Fidel Castro que lui reste-il de révolutionnaire ? Son passé.
La diplomatie algérienne gagnerait à s’investir davantage dans les positions préalables claires et transparentes. Cette situation libyenne a divisé la classe politique plus que la norme l’aurait exigée. Tandis que le pauvre peuple n’arrivait plus à déchiffrer le campement de son pays. Avec cette déclaration, voire cette position, l’algérien s’est senti responsable, adulte et humaniste. Oui, Bouteflika n’a pas oublié toute camaraderie, avec son ancien ami Kadhafi. Un geste de haute fidélité. A apprécier au moins intrinsèquement. Rodjla.
* voici une petite description, faite par un internaute furieux , de ce qu’était la vie en Libye avant l’agression de l’OTAN refusant mal que la Libye soit qualifiée de dictature et au même moment la reine d’Angleterre, le roi d’Espagne, l’empereur du japon, l’émir de Qatar et celui du Koweït, faisant l’apologie de la démocratie n’arrivent point à offrir ce qu’offrait la Libye à ses citoyens :
1- l’électricité à usage domestique est gratuite !
2- l’eau à usage domestique est gratuite !
3- le prix d’un litre d’essence est de 0,08 euros !
4- les banques libyennes accordent des prêts sans intérêts !
5- les citoyens n’ont pas d’impôts à payer, et la tva n’existe pas !
6- la Libye est le dernier pays dans la liste des pays endetté ! La dette publique est à 3,3% du PIB ! En France, elle est à 84,5% ! Aux US, 88,9% ! Au japon à 225,8% !
7- le prix pour l’achat d’une voiture (Chevrolet, Toyota, Nissan, Mitsubishi, Peugeot, Renault…) est au prix d’usine (voitures importées du japon, Corée du sud, chine, Etats-Unis…) !
8- pour chaque étudiant voulant faire ses études à l’étranger, le «gouvernement» attribue une bourse de 1 627,11 euros par mois!
9- tout étudiant diplômé reçoit le salaire moyen de la profession du cursus choisi s’il ne trouve pas d’emploi !
10- lorsqu’un couple se marie, l’Etat» paie le premier appartement ou maison (150 mètres carrés) !
11- chaque famille libyenne, sur présentation du livret de famille, reçoit une aide de 300 euros par mois !
12- pour tout employé dans la fonction publique, en cas de mobilité nécessaire à travers la Libye, l’Etat fournit une voiture et une maison gratuitement.
** Quotidien d’Oran du 25 août 2011 «Libye Vers une tragique disparition de la Libye ?» par M. Gigelli.
11 septembre 2011
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