Le Carrefour D’algérie
Samedi 10 Septembre 2011
Pole&mic
Par Farida T.
Quel tribut de la démocratie Libyenne?
Honnêtement, c’est à n’y rien comprendre avec nous autres, les Arabes. C’est vrai que pour certains pays comme la Tunisie, l’Egypte, ou la Syrie, la mal-vie et l’écart disproportionné entre les classes sociales étaient tels que la révolution populaire devenait inévitable, surtout avec le coup de pouce des médias et l’effet dominos, aidant.
Par contre, Quand on apprend le niveau de vies des Libyens et les avantages sociaux auxquels ils avaient droit sous Kadhafi, on se demande sincèrement ce qu’ils revendiquent à présent et ce à quoi ils aspirent de mieux? Les Libyens sont-ils conscients de ce qu’ils perdent comme avantages sociaux en gagnant le droit à la parole, s’ils le gagnent? Voici un échantillon des avantages les plus édifiants du filet social tressé dans l’ex-Djamahiriya. D’abord, La Libye est le dernier pays dans la liste des pays endettés ! La dette publique est à 3,3% du PIB. En France, elle est à 84,5%, aux US, 88,9%, et au Japon à 225,8%. L’électricité à usage domestique était gratuite. L’eau aussi, bien que la Libye soit quasi totalement désertique. Le prix d’un litre d’essence était de 0.08 euros. Les prêts accordés par les banques libyennes étaient sans intérêts. Les impôts et les taxes (TVA) n’existaient pas pour les Libyens. Les Libyens pouvaient acquérir des voitures importées du Japon, Corée du sud, Chine, Etats-Unis au prix d’usine. Lorsqu’un couple libyen se mariait, « l’Etat » payait le premier appartement ou maison (150 mètres carrés). Chaque famille libyenne, sur présentation du livret de famille, recevait une aide de 300 euros par mois. Pour chaque étudiant désirant poursuivre ses études à l’étranger, le « gouvernement » attribuait une bourse de 1.627,11 Euros par mois, soit plus que le salaire minimum d’un Français. Tout étudiant diplômé recevait le salaire moyen de la profession du cursus choisi s’il ne trouve pas d’emploi. Pour tout employé dans la fonction publique, en cas de mobilité nécessaire à travers la Libye, l’Etat fournissait une voiture et une maison gratuitement. Et quelques années après, ces biens sont à lui. Il faut avouer que c’est quand même très important comme avantages sociaux. Surtout si l’on considère que toutes les révolutions du printemps Arabe ont, en réalité, été amorcées par la misère, la faim et le chômage…Rappelons-nous Bouazizi, le vendeur ambulant diplômé de l’Université. Car, que demande le peuple, si ce n’est le droit au logement, au travail, à un pouvoir d’achat décent et une couverture sociale? Malgré cela, les Libyens ont opté pour le changement, même par les armes; la démocratie à l’occidentale avec tout ce que cela suppose comme crise économique, chômage, volet social, impôts directs et indirects, impôts sur la fortune et sur le revenu, endettement et surendettement, charges diverses et taxe variées… Faut-il tirer de cette leçon libyenne qu’entre la démocratie et la misère, les Arabes choisissent, au péril de leurs vies confortables, la démocratie? Ou bien faut-il tout simplement se méfier des Arabes aux vies trop confortables qui ont tout le temps de démocratiser toutes les misères? Les Somaliens auront certainement une autre vision de la démocratie.
10 septembre 2011
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