Le Carrefour D’algérie
Samedi 10 Septembre 2011
Soug ennsa
Par Yasmine Benbekhti
Les Algériens et le sport
En calquant nos bonnes résolutions sur le standard international des bonnes habitudes, on découvre que, hormis les taux de tabagisme et d’obésité qui grimpent en flèche depuis quelques années, un grand vide ressort dans la case activité sportive. Les Algériens ne font pas de sport, c’est une réalité,
on trouve toujours RIEN à faire à la place. Et ce n’est pas qu’une question de culture, disons que pour être bien dans son corps il faudrait d’abord être bien dans sa tête. Comment voulez-vous qu’on arrive à cette résolution qu’on on commence la liste par résoudre des soucis beaucoup plus prioritaires que sa santé, tels que les études qui permettent d’avoir un travail, le travail qui permet de faire des économies, les économies qui permettent d’acheter, acheter une voiture pour se déplacer au travail, acheter une maison pour y faire vivre sa famille, tout recommencer avec ses enfants, l’école, le travail… et ainsi de suite. Puis d’autres résolutions, le coiffeur, les vêtements, les abonnements, un petit voyage, une grossesse qui vous ramène à la case départ, le tabagisme qui vous essouffle, l’inaccessibilité des salles de sport, la flemme de sortir et puis tout ça et puis tout ça… mais en fait, le vrai problème est que nous n’avons jamais admis le sport dans nos vies, ni enfant ni adulte. On n’en ressent le besoin que lorsqu’on lit un article sur ses bienfaits sur la santé dans une revue étrangère, ou quand on n’aime plus son corps. Mais nous les Algériens, sommes impatients, nous voulons voir des résultats immédiatement, après vingt minutes de vélo on contemple déjà nos mollets, après deux séances d’aérobic on tâte nos abdos, et s’il n’y a pas de résultats visibles, on oublie les bienfaits et on rechigne que ça ne sert à rien finalement et on arrête, pour reprendre cinq ans plus tard, motivé par les mêmes résolutions et ainsi de suite. Et on ne parle que d’un faible pourcentage de gens bien informés, car dans certaines régions du pays, le sport quel qu’il soit est considéré comme une activité d’hommes, comme conduire ou faire le marché dans les mêmes régions. Quand on y pense, beaucoup de jeunes collégiennes et lycéennes se dispensent volontairement du programme d’éducation physique sans autre raison que le non intérêt pour cette matière qui n’est pas obligatoire, du moment qu’on présente un certificat médical de non aptitude que personne ne prendra la peine de vérifier. Et pourtant, il ne faut pas être un spécialiste pour dire que pratiquer une activité physique évacuerait sûrement une partie de la mauvaise humeur, pour ne pas employer un autre terme, du quotidien des Algériens, occuperait les esprits et les petits sauvages des rues et calmerait les âmes perturbées.
10 septembre 2011
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