Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Histoire d’un drapeau
Sorti des profondeurs de l’Histoire, le drapeau libyen, celui du CNT, apparaît comme un renouement avec le passé royaliste du pays, en remplacement de ceux (car il y en a eu trois autres) que Kadhafi a adopté lors de son règne, avant de choisir un drapeau vert de bas en haut et de droite à gauche.
Phénomène curieux pour ainsi dire, au sens où il prouve que les Libyens ou du moins ceux qui ont introduit l’actuel symbole du futur Etat, manifestent une certaine nostalgie de la royauté fédérale après avoir goûté à une dictature de 42 ans. « Blancs sont nos bienfaits, noires sont nos batailles, verts sont nos pâturages, rouges sont nos épées », tel que le décrivait un vers de Seif-Eddine El Hali. Mais au-delà de la poésie, il y a aussi les armes et la résistance des deux côtés d’une ligne de paix. Ce qui paraît passer sous silence, c’est cette Histoire racontée par le drapeau et qui laisse croire en un désir de retour au système que le capitaine Kadhafi (c’était son grade lors du coup d’Etat) a balayé d’un revers de mains et dont le roi Idriss 1er avait posé la première pierre après l’indépendance dès 1951. Pour le témoignage, il faut savoir que le grand-père de Idriss 1er n’est autre que Muhammad ibn Ali al-Sanusi mort en 1859 et originaire de Mostaganem, fondateur de la confrérie Sanussya en 1837 à son retour de la Mecque, alors que la Libye n’était qu’un territoire de tribus qu’il fallait unifier. Lorsque les Libyens font état de l’aide apportée aux Algériens durant la guerre de libération, ce qui a toujours été fortement apprécié et reconnu par nous, il est aussi important de signaler que c’est un Algérien qui a unifié les Libyens et dont la descendance a fait de ce pays un Etat indépendant. Il ne s’agit pas ici de faire dans le nationalisme grégaire ou de jouer à qui a mieux fait avec l’Histoire, mais de rappeler que lorsque des peuples sont condamnés par la géographie à un voisinage, l’Histoire ne peut que se soumettre aux exigences de la solidarité. Cuba, le Pakistan et l’URSS ont bien aidé l’Algérie sans tambour ni trompette. Le temps n’est plus à la division mais à définir les rapports d’intérêt qui doivent imprimer une ère nouvelle entre la Libye et ses voisins, considérant que les forces de l’OTAN vont un jour ou l’autre rentrer chez elles et ne restera que les pierres dans leur oued.
10 septembre 2011
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